samedi 30 mai 2015

La guérison est dans le symptôme 3/3 Retranscription vidéo entretien

















Cet article correspond à la troisième et dernière partie de la retranscription texte de la vidéo "La guérison est dans le symptôme" publiée le 1er mai 2015.

Les bienfaits protecteurs de la phobie relationnelle
Dans la phobie relationnelle, l’utilité du trouble est d’obliger le souffrant à se mettre davantage à distance d’autrui. Le sujet porte trop la souffrance et les responsabilités de ses pairs. Pour exemple, lors du suicide de son père, une jeune fille développa des phobies sociales. Ce symptôme l’aida à se désengager d’une position trop étayante et trop enchevêtrée aux soucis de son entourage. Elle avait écouté et soutenu pendant des années un père dépressif.

Lors de son décès, elle satura d’une conduite non assez individualisée et inefficace. L’ampleur de la distanciation, exprimée par la phobie, est extrême mais logique. Elle est à la hauteur du trop grand manque d’émancipation psychique du sujet par rapport à ses liens périphériques.

Les secrets structurants de la phobie d’impulsion
Dans la phobie d’impulsion qui est une peur d’agresser, on retrouve cette même fonction utile du symptôme. Il s’agit de s’éloigner de relations étouffantes et par conséquent dangereuses. Pour exemple, une mère était complètement décontenancée par cette peur de tuer ses enfants. Elle adorait tant ses enfants. Pourtant, sa dynamique à les surprotéger, en raison d’événements insécurisants vécus, l’avait cantonné à une place exclusive de parent pendant de nombreuses années. Le symptôme l’obligeait à rétablir la bonne distance afin de ne pas être annihilée par son rôle maternel. Seule une peur extrême pouvait la dissuader de s’écarter de ses petits : la peur de leur faire du mal. Nous voyons comment la gravité du symptôme est en lien avec la rigidité des repères dysfonctionnels.

Des reviviscences libératrices
Autre exemple signifiants, les réveils traumatiques-les flashs et les zones de somatisation associés aux traumas. Ces troubles obligent à l’élaboration d’un vécu douloureux refoulé par sa victime. Celui-ci, de par sa nature trop sacrificielle, tait et fuit ses ressentis personnels. Il a peur de déranger et de nuire aux autres s’il se laisse aller à ses éprouvés dépressifs. Le symptôme de reviviscence l’oblige à se protéger narcissiquement en se recentrant sur lui et en libérant son mal.

Des accidents non hasardeux
Que penser également des accidents domestiques ou de transport ou de la vie quotidienne ? Ne seraient-ils pas eux aussi des symptômes révélant un manque d’individuation ? Ils apparaissent curieusement là où le sujet a des difficultés à s’autonomiser et à se départir de problèmes relationnels.

Ainsi, je me souviens de cette mère qui avait eu un accident de voiture le jour où elle alla passer son concours d’aide-soignante. Elle culpabilisait de se désengager de son rôle de femme au foyer s’occupant de ses quatre enfants et assistant ses parents depuis tellement longtemps. Cet acte d’émancipation ne pouvait s’opérer que dans la maladresse et la résistance. Le symptôme rappelait la nécessité d’effectuer la transformation progressivement pour qu’elle soit assumée. L’accident exprimait le besoin d’un rythme plus modéré dans l’intégration de cette individuation positive.

Et bien d’autres paradoxes et symptômes thérapeutiques !
J’aurais tellement encore à vous dire sur la fonction structurante des délires, des hallucinations ou des actes manqués. Mais je trouve plus intéressant de vous laisser réfléchir à leur valeur structurante et évolutive dans la vie du sujet.

Je suis sûre que vous ne tarderez pas à découvrir leur intention bienveillante derrière leur caractère contraignant voire quelquefois dangereux !

samedi 23 mai 2015

La guérison est dans le symptôme 2/3 Retranscription vidéo entretien



Cet article correspond à la deuxième partie de la retranscription texte de la vidéo "La guérison est dans le symptôme" publiée le 1er mai 2015.



Des maladies lourdes pour défaire de fortes rigidités 

Des maux encore plus lourds peuvent surgir lorsque la résistance au changement est telle qu’elle nécessite la création d’un symptôme transformateur hyper signifiant.

Ainsi, il n’est pas rare de voir apparaître des cancers, des dépressions lourdes, des épisodes démentiels là où le sujet est dans une très grande difficulté à préserver son espace personnel. L’intensité du handicap est proportionnelle à l’intensité du frein à mettre pour que le patient écoute ses propres besoins et limites. La teneur du symptôme est certes liée à la sensibilité organique mais également à l’ampleur des résistances internes.

Pour exemple, un consultant très ambitieux souffrait de dépressions chroniques depuis longtemps. Il faisait des séjours réguliers en milieu hospitalier. L’homme présentait la fâcheuse habitude d’utiliser le cadre de soins afin de récupérer d’une fatigue professionnelle signifiante. Il prenait ses psychotropes, se reposait quelques temps contraint par ses troubles dépressifs puis reprenait le travail. Il se réengouffrait alors dans les mêmes codes dysfonctionnels d’autrefois.

La dépression était alors le  symptôme dénonçant une loyauté dangereuse à des valeurs éducatives trop rigides. L’homme reprenait un fonctionnement transmis et caractérisé par l’exigence et la rigueur. Le symptôme s’inscrivit alors comme la solution temporaire au problème d’hyper contrôle.

Toutefois, il se chargea de plus en plus en tension interne au fil des années. En effet, le souffrant ne prenait pas en compte définitivement les codes adaptés que le trouble cherchait à établir. Le souffrant assouplissait certes son fonctionnement mais de manière passagère. Il se réorganisait autour de ses anciennes dynamiques malheureuses dès qu’il avait suffisamment récupéré.

Ainsi, sous le regard stupéfait de son médecin, l’homme décompensa dans un épisode démentiel lors de la énième hospitalisation. Le traitement ne faisait plus effet. Logique, le symptôme s’était aggravé afin de parer aux résistances chroniques du souffrant. Il devait être plus handicapant afin de garantir l’établissement définitif des règles structurantes qu’il cherchait à pointer. La folie obligeait le sujet à davantage lâcher-prise et sur un temps suffisamment long afin d’assurer un ancrage solide des nouveaux repères organisationnels.

Cet exemple met en relief la pertinence du trouble dans sa nature mais aussi dans son intensité.  Le symptôme présente les particularités nécessaires à l’aménagement du bon cadre fonctionnel. Il se charge aussi de l’intensité suffisante au respect de ses contraintes. C’est pourquoi, dans les problématiques très rigides, son intervention peut être dangereuse. Le symptôme est obligé de présenter des contraintes lourdes afin de faire céder l’opposition signifiante de transformation.

Du bruit rassurant dans la psychose

Ainsi, la personne psychotique présente des troubles de comportement très bruyants lorsqu’elle avance dans sa problématique. Ce symptôme crée en effet un « cadre optimal d’expression personnelle »  là où le sujet souffre d’inhibition excessive. Le patient indifférencié sacrifice sa subjectivité aux croyances dysfonctionnelles de ses groupes d’appartenance. Une affirmation débordante se présente alors comme le trouble nécessaire à la mise en place d’un lieu de désaliénation.

Ce processus psychique est très important à transmettre aux soignants afin de ne pas décourager des mouvements symptomatiques salvateurs. S’il est important de contenir une crise, il ne faut pas court-circuiter ou donner une connotation régressive à des troubles nécessaires dans une dynamique d’avancement. Dans cette logique de raisonnement, on comprend comment la stabilisation chimique de patients psychotiques peut paraitre inquiétante. Certes, le sujet est calme mais il est maintenu, au travers de cette camisole artificielle, dans cette désubjectivation, cause de son mal premier.

La connaissance du « sens fonctionnel, utile du symptôme » est donc importante afin de ne pas commettre des impairs thérapeutiques lourds de conséquence. Malheureusement, dans ma pratique, je constate trop les effets désastreux de cette ignorance. L’expression de troubles, inhérents à la possibilité d’évolution, sont ainsi critiqués et entravés. Le soignant alors, sans en être conscient, étouffe les bienfaits du symptôme.

Pour terminer, je vais vous énumérer brièvement une succession d’exemples parlants afin de mettre en relief la dimension universelle de ce processus symptomatique.

Suite et fin de la restranscription la semaine prochaine (3/3)...

samedi 16 mai 2015

La guérison est dans le symptôme 1/3 Retranscription vidéo entretien

















Cet article correspond à la première partie de la retranscription texte de la vidéo "La guérison est dans le symptôme" publiée le 1er mai 2015.

Bonjour, je me présente, je m’appelle Adeline. Je suis psychologue clinicienne et psychothérapeute dans diverses structures de Soissons.

Ma pratique en hospitalisation et dans des centres de consultations tels que les CMP (Centres Médico Psychologiques) m’offrent l’opportunité d’accompagner des souffrants depuis les temps de crise jusqu’à leur dénouement. Les suivis permettent ainsi une observation clinique exhaustive.
J’ai choisi de réaliser cette vidéo car je souhaitais faire partager des découvertes fort passionnantes sur le fonctionnement psychique. Le métier de psy est certes très enrichissant dans sa nature relationnelle et aidante. Je le trouve encore plus captivant lorsque l’on réalise qu’il donne accès à des vérités internes thérapeutiques.

Le patient détient le savoir thérapeutique
Ces savoirs précieux sont détenus par les patients. Ainsi, depuis quinze ans, le témoignage élaboré et authentique des souffrants  a permis la mise en relief de règles psychiques donnant tout son sens constructif au symptôme.

Certes, j’utilise aujourd’hui ces connaissances pour soutenir du mieux possible les patients dans leur évolution. Toutefois, il ne faut pas oublier que ces outils narratifs et didactiques opérants se sont édifiés à partir de l’expérience parlante des personnes rencontrées. Le soignant est un guide mais c’est le souffrant qui a le savoir signifiant. Le soignant aide à décoder ce qui fait sens thérapeutique dans l’histoire, les pensées, les défenses, les sentiments, les émotions et les symptômes du patient.

Ainsi, je peux dire, aujourd’hui, que les résultats plus rapides et pertinents obtenus dans les thérapies sont en lien avec cette transmission par les patients des codes psychiques libérateurs. Le sujet a mis en relief, dans la manière dont il évoluait, les stratégies défensives qui fonctionnaient et celles qui ne fonctionnaient pas. L’analyse synthétique, de nombreuses prises en charge complètes, a alors révélé que la clé de la solution était dans le symptôme.

Le symptôme révélateur et réparateur
Pour illustrer de manière plus concrète, je vous dirai que l’enquête approfondie de l’histoire relationnelle et transgénérationnelle des centaines de patients rencontrés a été une véritable révélation. Toutes ces observations cliniques ont mis en relief le sens du symptôme et surtout son utilité thérapeutique.

Malgré son côté contraignant, voire dangereux, le trouble pointe la zone où le souffrant n’est pas assez individualisé dans ses liens à son entourage et à d’autres milieux l’influençant. Il met en relief les traumas non réglés, les codes dysfonctionnels hérités de ses groupes d’appartenance. Il pointe là où le sujet est retenu par une histoire relationnelle douloureuse entravant ses possibilités d’épanouissement personnel. Bref, le symptôme remis dans son contexte d’apparition indique la fragilité à travailler. Il donne donc la solution au problème.

Le trouble est d’autant plus pertinent, qu’au-delà de sa fonction dénonciatrice du problème, il aménage le bon cadre de fonctionnement. Il est fascinant de constater la manière dont le trouble revêt les attributs spécifiques afin de dénouer la problématique. Le symptôme impose la mise en place des repères évolutifs là où le sujet ne parvient pas, de sa propre volonté, à sortir des codes inadaptés. Le symptôme disparaît alors lorsque le souffrant est suffisamment conditionné à la bonne dynamique. Le symptôme n’a plus besoin d’exister puisque le sujet maintient maintenant les bons codes fonctionnels de lui-même.

Bien sûr, il est important de respecter le trouble dans ses règles contraignantes pour qu’il opère de façon salvatrice. Si le souffrant n’écoute pas ce que le handicap cherche à induire comme transformation positive durable alors celui-ci risque de s’amplifier ou de faire retour lorsqu’il ne sera plus écouté suffisamment.

Je vais vous donner des exemples concrets afin que ses dires abstraits puissent vous parler davantage.

Une sciatique fonctionnelle
- J’ai souvent narré l’histoire d’un homme présentant une sciatique rebelle. A 50 ans, sa pathologie l’obligeait à ralentir le rythme. Quelle surprise alors de découvrir que cet handicap était la réponse à une problématique signifiante. Depuis son enfance, le patient était engagé dans des repères d’hyperactivité. Il n’avait jamais critiqué ces codes transmis par sa famille. Au contraire, leur valorisation groupale l’avait encouragé à les maintenir.

Le symptôme actuel dénonçait le mythe collectif dysfonctionnel. Il offrait également le cadre contraignant afin que le souffrant rétablisse des modalités d’existence plus adéquate. Autrement, la crise cardiaque ou la folie auraient pu avoir raison de son entêtement. Le symptôme était la solution afin que les besoins individuels soient suffisamment pris en compte. Il évitait ainsi la catastrophe.

Encore une fois, son efficacité dépend de la capacité du souffrant à respecter ses repères contraignants. Plus le sujet forçait sa marche, plus la douleur redoublait. Lorsqu’il accepta l’activité modéré que sa condition maladive imposait, il se vit rapidement avancer. La pathologie disparut définitivement quand une cadence plus nuancé fut intégrée dans l’existence de cet homme.

Suite de la restranscription la semaine prochaine (2/3)...

samedi 2 mai 2015

Vidéo entretien | La guérison est dans le symptôme

Vidéo entretien avec Adeline Gardinier

Vidéo entretien enregistrée avec Adeline Gardinier, psychologue et pychothérapeute à Soissons dans l'Aisne, auteur du livre "Aider le patient à sortir de la crise : le patient est un soignant qui s'ignore", paru aux éditions De Boeck (2013).

Cette vidéo entretien, intitulée "La guérison est dans le symptôme", met en relief la pertinence et l'utilité du symptôme dans le processus de guérison et d'émancipation.