mercredi 24 août 2016

Des voix intérieures et duelles ( Partie 3)

Madame N aux prises d’un Ego la protégeant excessivement des relations aux hommes


Afin d’illustrer explicitement la manière dont ce regard éclairé peut prendre forme dans une conscience limitée par notre tridimensionnalité, je vous invite à prendre connaissance d’un échange thérapeutique où ce dialogue interne s’est exprimé.

Je rencontre Madame N. pour la cinquième fois lorsque nous nous livrons à ce jeu allégorique. La consultante est « diagnostiquée » depuis vingt ans de psychotique. Bien sûr, cette classification n’a aucun sens et elle est paralysante. Elle fait partie de cette fausse dualité dans laquelle le monde soignant s’est laissé enfermer depuis très longtemps ! Elle met, tout simplement, en relief nos difficultés à traduire le monde de l’invisible et ses forces énergétiques ! En fait, par le biais de codes classificateurs, nous ne faisons que structurer grossièrement la réalité afin d’amorcer une initiation à « un savoir du vivant » encore très rudimentaire !

Dans ce contexte, vous ne serez pas étonnés d’apprendre que madame N. avait un profond sentiment de solitude, d’incompréhension et de colère depuis de nombreuses années. Elle taisait, depuis bien longtemps, son monde intérieur foisonnant d’histoires passionnantes, de richesses et de créativité. La lecture médicale actuelle ne permettait pas de décoder la pleine pertinence et la pleine valeur structurante de ses maux.

Pourtant, la résolution de sa problématique pouvait se déduire en étant très attentif à l’expression de ses symptômes. Ceux-ci témoignaient d’une histoire relationnelle exhaustive, de défenses singulières, de pseudo-aléas, de synchronicités bienvenues ou faussement malvenues.

Bien souvent, les hallucinations ou les états dissociés ne sont pas assez analysés dans leur contenu et leur réalité pertinente déguisée. Ils révèlent pourtant la présence d’un Ego surprotecteur dénonçant les douleurs d’un passé illusoire et dualiste. Lorsque le rébus et cette « loi universelle » sont décodés, un accompagnement thérapeutique pertinent peut être proposé.

Le sujet doit prendre conscience de la cohérence de ce qu’il vit. Derrière une forme perturbante d’expression, l’inconscient expose au problème et donne indirectement la solution. La voix ou la manifestation déstabilisante de l’Ego apeuré est cet « enfant phobique » à soigner. Il crie ses peurs et son besoin de contrôle excessif de la situation. L’Ego parle ainsi de ces événements passés chaotiques dont il veut tant protéger le sujet afin qu’ils ne se répètent pas. Cette intention bienveillante du symptôme est importante à souligner afin que le souffrant apprenne à considérer cette partie dérangeante de lui comme « un allié sensé ».

L’étrangeté inquiétante doit être remplacée par une familiarité aimante. Cette image de l’Ego aidera à ne plus fuir son sens et à y accorder une attention empathique. Il est clair que certaines dissociations et certaines hallucinations  sont tellement angoissantes qu’elles favorisent le rejet, la culpabilité, la frayeur. Par conséquent, elles ne sont pas abordées dans leur dimension protectrice et évolutive.
La pratique du dialogue interne permet au consultant de se concentrer sur l’aspect sensible, fragile et apeuré de cette partie de lui perçue comme effrayante. Sa partie pure et responsable doit alors apprendre à rassurer ce côté sombre de lui-même afin de le désaliéner de la souffrance.

Le Soi pédagogue est cette figure intuitive et bien aimante, offrant à l’Ego le chemin libérateur de l’expérimentation. Il donne les repères du lâcher-prise et de l’écoute des choix authentiques dans « l’ici et maintenant ». Il respecte les peurs de l’Ego en étant dans la compréhension de ses résistances et de son rythme modéré d’avancement. Il est donc indulgent et il ne perd pas patience face aux réactions rebelles, intenses et régressives que l’Ego apeuré peut avoir.

Moins l’enseignant est bousculant, plus l’élève phobique peut évoluer à sa cadence et donc au bon tempo. Le Soi doit donc circonscrire avec l’Ego traumatisé la zone narcissique fragile afin de la travailler dans des expositions progressives. Il doit lui pointer la logique d’avancement par pallier avec des mouvements régressifs de résistances au changement.

Cet éclairage permet de comprendre la recrudescence des symptômes lors du travail de contenance de l’Ego traumatisé. Le changement de repères idéïques engendre des difficultés d’adaptation avec des forces d’opposition non contrôlables. Lorsque l’Ego essaie de lâcher-prise, sa peur de l’inconnu peut avoir des résonances signifiantes dans un premier temps. Toutefois, averti de cette dynamique logique du processus phobique, l’Ego peut continuer à faire confiance au  Soi pédagogue pour poursuivre le chemin d’expérimentation.

Il pourra alors se rassurer, au fil du temps par ces nouveaux repères devenus familiers supervisés par son être profond "le Soi". Il constatera, en effet, que la loi universelle de l’Amour et de la non-dualité est la clé afin d’accéder à son plein potentiel et au champ de tous les possibles. Il se reconnectera alors à son omniscience, à son omnipotence d’amour et de paix et à son omniprésence céleste.

La suite : exemple clinique d'un dialogue entre le Soi pédagogue et l'Ego phobique (quatrième partie) la semaine prochaine

dimanche 14 août 2016

Des voix intérieures et duelles ( Partie 2)

Un dialogue chaleureux entre le Soi et l’Ego pour retrouver l’Unité harmonieuse


Dans cet article, je souhaiterais m’attarder sur un matériel particulier. Il s’agit de ces petites « voix égotiques » troublant les perceptions du sujet névrotique ou schizophrénique. Elles envahissent les pensées du souffrant sous forme de ruminations ou d’hallucinations. Leur manifestation symptomatique permet de mettre en relief les raisonnements limitants et faussés du sujet.

L’inconscient dénonce, dans un contenu idéïque obsédant, la source du problème. La pensée envahissante livre les directives d’une psyché excessive essayant de se libérer d’un Ego opprimant. Elle offre sur un plateau la matrice de conditionnements illusoires dans laquelle s’est laissé enfermer le consultant.

Afin d’aider le sujet à repérer et à maîtriser cet Ego apeuré, j’ai développé au fil de ma pratique un exercice allégorique simple. Le sujet doit entamer un dialogue interne entre cette partie égotique paralysante et une partie plus « inspirée » de son être.

Il est question de personnaliser ce Mental aliénant sous la forme d’un « petit enfant apeuré ». Même si je le nomme « le petit diablotin », l’objectif est de le présenter, avec beaucoup de bienveillance, comme celui qui est « mauvais conseiller » en raison  de traumas non digérés.

Le souffrant doit donc répondre consciemment à ce « personnage perturbateur » de manière modérée et tolérante. Il est invité à s’identifier à un pédagogue respectueux des phobies de son élève. Bien sûr, quelques fois les ruminations névrotiques ou les voix psychotiques peuvent être très virulentes ou effrayantes. Toutefois, le contenu agressif est rapidement élaboré dans ce qu’il dénonce de peurs inconscientes.

L’accueil compréhensif de ce discours symptomatique négatif est important. L’instructeur ne doit pas rejeter ou juger « l’initié » fébrile. Il doit au contraire le rassurer et le conduire sur des chemins d’avancement rassurant. De plus, le symptôme est un allié. Il focalise sur le nœud du problème. Il indique l’endroit à travailler. Il doit donc être considéré avec beaucoup de gratitude et de délicatesse.
Rejeter les voix internes négatives ne peut donc que les alimenter. Comprendre leur intention positive sous-jacente et leur besoin de démantèlement progressif est la clé de l’avancement. D'ailleurs, ne dit-on pas qu’il faut se laisser traverser et non pas lutter contre ses peurs ?

Le consultant doit donc apprendre à écouter ses dissociations, ses hallucinations et ses ruminations avec beaucoup de sagesse. Leur contenu est précieux car il révèle l’histoire chaotique d’où le Mental a tiré tant de forces d’expression. L’Ego apeuré raconte ainsi les insécurités auxquelles le sujet a dû faire face autrefois. Il tente de préserver l’individu exagérément en l’obligeant à se conformer à d’anciennes règles désadaptées de ses systèmes. L’Ego apeuré répond à un rôle collectif enfermant loin d’une authenticité d’être. Lorsque les propos délirants ou parasitants submergent les pensées du sujet, ils apparaissent comme une explosion narcissique d’un sujet piégé dans un rôle Moïque.

Il s’agit donc, dans un premier temps, de décoder la valence protectrice des pensées égotiques. Il faut ensuite  ôter à celles-ci leur intensité d’action en relativisant le danger vécu. La peur et le doute, en effet, réveillent des défenses individuelles fragilisantes. L’Ego apeuré s’exprime alors dans toute son ampleur pour isoler un sujet aux prises avec des souvenirs relationnels traumatiques. L’Ego traumatisé aborde alors certaines thématiques sensibles du passé et « crée » une coupure entre l’homme et sa connexion divine. Il le replace dans des situations in sécurisantes afin de lui renvoyer une image de lui-même peu valorisante. Le sujet est alors coupé de ses réelles capacités et de son essence supérieure.
L’Ego apeuré est ce personnage illusoire que le sujet croit être. Il se pense séparé, mortel, faillible et dans l’obligation de se protéger d’un monde pseudo-dualisé. Plus le sujet s’éloigne de la connaissance de sa nature parfaite, plus l’Ego apeuré redouble douloureusement ses consignes erronées ! En effet la souffrance, découlant de l’inauthenticité d’être, entretient la peur, elle-même, génératrice d’un discours egotique déstructurant.

Le Mental dysfonctionnel se perd dans la dualité du bien et du mal et il entretient, de ce fait, le sujet dans des  fausses croyances. Il lui demande de se protéger de douleurs qui n’existent pas. Les voix internes sont le fruit d’un mirage non décodé comme tel. Le sujet n’est pas celui que ses systèmes d’appartenance a formaté dans un rôle, une identité et des conditionnements bien précis. Il s’est confondu avec ces présentations diverses de lui-même construites sur de multiples expériences de vie. L’Ego apeuré renvoie constamment au souffrant une image de lui-même où il serait un être limité et fragilisé par des traumas vécus. Il l’enferme dans un personnage dramatique. L’Ego traumatisé est l’intrus pointant, par sa présence, l’ignorance de l’homme sur sa condition divine.

L’appréhension du symptôme dans sa non-dualité permet un travail de dédramatisation. Elle désengage des peurs et des résonances de traumas en donnant accès à la vérité du Tout, de l’harmonie, de l’immortalité et de l’Amour.

L’Ego apeuré protège excessivement un être qui se croit limité. La découverte de l’essence supérieure de l’homme, au travers de ses troubles, permet à celui-ci de se détacher d’un « avoir » pour « être » tout simplement. Il n’a plus besoin de contrôler un extérieur dont il se sent dépendant et qui lui fait peur. Il découvre que le bonheur et la paix sont internes.

Dans un dialogue chaleureux, le sujet est invité à parler à son Ego. Lorsque celui-ci l’importune, sous la forme d’hallucinations ou de ruminations, le Soi authentique doit accueillir favorablement le message tout en osant questionner sa validité. Il est important d’être en empathie avec les peurs, la colère et toute autre émotion perturbante traversant le discours interne. Cette intrusion de pensées est, dans son intention, bienveillante. Elle souhaite alerter sur des dangers qu’elle pense réelle. Lorsque la voix apparaît moraliste, agressive, hautaine, insensible, elle s’efforce de persuader son interlocuteur d’emprunter des repères qui lui semblent adaptés à la situation. Or, la situation est mal évaluée car elle est abordée sous l’angle de la dualité.

L’Ego traumatisé oblige le sujet à porter attention à de fausses fragilités que la perception dualiste a fait naître. Il induit un mouvement de surprotection réactionnel à un trauma « imaginaire ». En effet, dans un monde non-dualiste, la blessure éprouvante disparaît car le mal n’existe plus. Le sujet comprend que « tout dysfonctionnement » de l’autre et de lui-même proviennent de l’oubli de l’heureuse réalité : la perfection des êtres. Ainsi, lorsque l’individu agresse, c’est qu’il a porté en amont un stress et un mythe groupal lourd. Sa loyauté excessive le conduit à la destruction. Son grand amour le conduit à la haine. La boucle est bouclée pour mettre encore en relief la fausse dualité !

La douleur et les traumatismes sont donc la résultante de l’ignorance de l’homme sur sa belle nature. En séance, il n’est pas besoin de recourir à l’emdr pour aider le consultant à sortir de ses peurs incontrôlées. Lorsque la victime analyse de manière élaborée l’histoire douloureuse et sacrificielle de son agresseur, lorsque le souffrant découvre le don généreux exprimé au travers de ses symptômes, il ne peut plus nier le cœur aimant de toute souffrance. Si chacun avait accès à son essence divine, il n’y aurait plus de peurs et de pulsions destructrices sur cette terre. Comment se maintenir dans le mal-être lorsque l’illusion du mal et du limité s’effacent ? Comment trembler lorsque les clés du bien-être apparaissent désormais dans un univers perçu dans sa multi-dimension et sa complétude ?

L’Ego est ce personnage/corps avec lequel le Soi pédagogue doit échanger afin de mettre en lumière cette heureuse et parfaite réalité.

Ainsi, une jeune femme, identifiée à un rôle antérieur de femme trompée, devra raisonner la petite voix égotique lorsque celle-ci lui commandera  de se méfier fortement de son nouvel ami.
Un homme, resté ancré dans sa place d’enfant violenté, devra redoubler d’efforts pour maîtriser ses voix internes lorsque celles-ci lui diront que sa femme est toxique.

L’Ego apeuré est cette partie de l’être qui se croit faible. Il est fortement affecté par les rôles dans lesquels il s’est laissé enfermer durant son existence. La famille, la société, l’individu lui-même ont établi certains codes identitaires sur lesquels l’Ego s’étaye. Cependant, ces témoins existentiels ont oublié qu’ils ne s’agissaient que de fonctions interchangeables. L’homme est interconnecté à l’ensemble des éléments du cosmos. En cela, il est Tout et non pas une partie séparée. Il est omnipotent. Cette vérité doit être démontrée à « l’enfant intérieur affolé » s’exprimant chez chaque consultant. Cet Ego alors sera capable de s’apaiser au fil de cet enseignement non-dualiste. Il pourra alors laisser le Soi authentique du sujet exprimer toute sa liberté, sa sérénité et son amour. Il se retirera, bienheureux de céder sa place, à un univers baignant dans l’unité, l'éternel et la joie du Tout !

La suite (troisième partie) la semaine prochaine...

dimanche 7 août 2016

Des voix intérieures et duelles

Introduction

la souffrance, une illusion du Mental


Les maux de l’homme sont le fruit d’une duperie de son Mental ! Qu’il s’agisse de ruminations égotiques ou de voix psychotiques, tous ces parasitages internes proviennent d’un regard illusoire et dualiste sur l’existence !

L’homme, dès sa naissance, apprend à se reconnaitre comme une entité individuelle et séparée de ce qui l’entoure. Pourtant, il est totalement interconnecté à l’ensemble des atomes de l’univers. La systémique met particulièrement en relief cette loi universelle. Dans son observation exhaustive, cette approche dévoile la manière dont chaque symptôme, chaque accident, chaque rencontre, chaque pseudo-aléa, chaque réaction est la résultante d’une dynamique précise d’inter-influences agissant sur l’individu. 

Ces différentes forces, sous des apparences antagonistes, participent à l’équilibre et à l’évolution du sujet. Des expériences douloureuses sont aussi structurantes que des expériences heureuses. Des émotions et des maux contraignants sont des alliés aussi utiles que des ressentis plus agréables. Des relations disharmonieuses apportent des guidances toutes aussi pertinentes que celles engendrées par des liens plus fluides.

L’étude des systèmes conduit au constat fabuleux d’une cohérence cosmique œuvrant à l’extension de conscience de l’homme. La dualité et le hasard deviennent des phénomènes étrangers à ce monde lorsque la systémique révèle le cœur structurant de tout symptôme, de tout événement relationnel et de tout processus énergétique en général !

Tout est parfait dans ce monde ! Chaque histoire de vie met en relief la manière dont l’homme est complet. Il l’a tout simplement oublié. Sa souffrance provient de son ignorance. Le travail thérapeutique consiste à accompagner le consultant dans un changement de perception transcendant. Passer d’un regard dualiste à un regard non-dualiste, c’est se reconnecter à son essence supérieure. Le chemin est aussi simple que cela. Lorsque le souffrant cesse de rejeter ses symptômes pour les accueillir dans leur sens structurant, il intègre son identité profonde et non-dualiste. 

Le limité ne s’oppose pas à l’illimité. Il est simplement inclus dans l’infini. Le champ des possibles s’ouvre, en effet, lorsque le souffrant accède à sa dimension absolue. Lorsqu’il découvre que ses maux détiennent le secret de sa guérison, il mesure sa réelle puissance. Aucun soignant n’a le remède. Le patient est seul à détenir cette vérité. Celle-ci est autant inscrite à l’intérieur de lui-même qu’à l’extérieur. L’information universelle est engrammée dans chacune de ses cellules. 

Le thérapeute est un guide se proposant de décrypter avec le consultant le sens structurant de ses maux. Il n’est pas un guérisseur mais un traducteur. Le réel pouvoir appartient à celui qui détient le symptôme. Le souffrant a accès dans les contraintes vécues à toutes les données résolutives du problème. 

Ainsi, une douleur physique peut limiter une partie du corps trop sollicitée. Des troubles de l’humeur peuvent engager sur un travail d’affirmation. La perte d’objets signifiants peut être l’occasion d’un lâcher prise devenu nécessaire. La paranoïa peut être une expression indirecte d’abus inhumains devenus difficile à taire... 
Ce sont quelques exemples illustratifs mais cette loi structurante de la souffrance s’est systématiquement retrouvée dans tous les suivis.