samedi 16 mai 2015

La guérison est dans le symptôme 1/3 Retranscription vidéo entretien

















Cet article correspond à la première partie de la retranscription texte de la vidéo "La guérison est dans le symptôme" publiée le 1er mai 2015.

Bonjour, je me présente, je m’appelle Adeline. Je suis psychologue clinicienne et psychothérapeute dans diverses structures de Soissons.

Ma pratique en hospitalisation et dans des centres de consultations tels que les CMP (Centres Médico Psychologiques) m’offrent l’opportunité d’accompagner des souffrants depuis les temps de crise jusqu’à leur dénouement. Les suivis permettent ainsi une observation clinique exhaustive.
J’ai choisi de réaliser cette vidéo car je souhaitais faire partager des découvertes fort passionnantes sur le fonctionnement psychique. Le métier de psy est certes très enrichissant dans sa nature relationnelle et aidante. Je le trouve encore plus captivant lorsque l’on réalise qu’il donne accès à des vérités internes thérapeutiques.

Le patient détient le savoir thérapeutique
Ces savoirs précieux sont détenus par les patients. Ainsi, depuis quinze ans, le témoignage élaboré et authentique des souffrants  a permis la mise en relief de règles psychiques donnant tout son sens constructif au symptôme.

Certes, j’utilise aujourd’hui ces connaissances pour soutenir du mieux possible les patients dans leur évolution. Toutefois, il ne faut pas oublier que ces outils narratifs et didactiques opérants se sont édifiés à partir de l’expérience parlante des personnes rencontrées. Le soignant est un guide mais c’est le souffrant qui a le savoir signifiant. Le soignant aide à décoder ce qui fait sens thérapeutique dans l’histoire, les pensées, les défenses, les sentiments, les émotions et les symptômes du patient.

Ainsi, je peux dire, aujourd’hui, que les résultats plus rapides et pertinents obtenus dans les thérapies sont en lien avec cette transmission par les patients des codes psychiques libérateurs. Le sujet a mis en relief, dans la manière dont il évoluait, les stratégies défensives qui fonctionnaient et celles qui ne fonctionnaient pas. L’analyse synthétique, de nombreuses prises en charge complètes, a alors révélé que la clé de la solution était dans le symptôme.

Le symptôme révélateur et réparateur
Pour illustrer de manière plus concrète, je vous dirai que l’enquête approfondie de l’histoire relationnelle et transgénérationnelle des centaines de patients rencontrés a été une véritable révélation. Toutes ces observations cliniques ont mis en relief le sens du symptôme et surtout son utilité thérapeutique.

Malgré son côté contraignant, voire dangereux, le trouble pointe la zone où le souffrant n’est pas assez individualisé dans ses liens à son entourage et à d’autres milieux l’influençant. Il met en relief les traumas non réglés, les codes dysfonctionnels hérités de ses groupes d’appartenance. Il pointe là où le sujet est retenu par une histoire relationnelle douloureuse entravant ses possibilités d’épanouissement personnel. Bref, le symptôme remis dans son contexte d’apparition indique la fragilité à travailler. Il donne donc la solution au problème.

Le trouble est d’autant plus pertinent, qu’au-delà de sa fonction dénonciatrice du problème, il aménage le bon cadre de fonctionnement. Il est fascinant de constater la manière dont le trouble revêt les attributs spécifiques afin de dénouer la problématique. Le symptôme impose la mise en place des repères évolutifs là où le sujet ne parvient pas, de sa propre volonté, à sortir des codes inadaptés. Le symptôme disparaît alors lorsque le souffrant est suffisamment conditionné à la bonne dynamique. Le symptôme n’a plus besoin d’exister puisque le sujet maintient maintenant les bons codes fonctionnels de lui-même.

Bien sûr, il est important de respecter le trouble dans ses règles contraignantes pour qu’il opère de façon salvatrice. Si le souffrant n’écoute pas ce que le handicap cherche à induire comme transformation positive durable alors celui-ci risque de s’amplifier ou de faire retour lorsqu’il ne sera plus écouté suffisamment.

Je vais vous donner des exemples concrets afin que ses dires abstraits puissent vous parler davantage.

Une sciatique fonctionnelle
- J’ai souvent narré l’histoire d’un homme présentant une sciatique rebelle. A 50 ans, sa pathologie l’obligeait à ralentir le rythme. Quelle surprise alors de découvrir que cet handicap était la réponse à une problématique signifiante. Depuis son enfance, le patient était engagé dans des repères d’hyperactivité. Il n’avait jamais critiqué ces codes transmis par sa famille. Au contraire, leur valorisation groupale l’avait encouragé à les maintenir.

Le symptôme actuel dénonçait le mythe collectif dysfonctionnel. Il offrait également le cadre contraignant afin que le souffrant rétablisse des modalités d’existence plus adéquate. Autrement, la crise cardiaque ou la folie auraient pu avoir raison de son entêtement. Le symptôme était la solution afin que les besoins individuels soient suffisamment pris en compte. Il évitait ainsi la catastrophe.

Encore une fois, son efficacité dépend de la capacité du souffrant à respecter ses repères contraignants. Plus le sujet forçait sa marche, plus la douleur redoublait. Lorsqu’il accepta l’activité modéré que sa condition maladive imposait, il se vit rapidement avancer. La pathologie disparut définitivement quand une cadence plus nuancé fut intégrée dans l’existence de cet homme.

Suite de la restranscription la semaine prochaine (2/3)...