mercredi 14 septembre 2016

Des voix intérieures et duelles (Partie 5)

Le Soi libre remémore à l’Ego oppressé le Savoir désaliénant de la non-dualité


Dans cet extrait d’entretien, il est mis en relief la manière dont les phénomènes hallucinatoires, dissociatifs, dépressifs et angoissants dénoncent la présence d’un Ego apeuré s’emballant dans ses fonctions de survie.

Lorsque ces symptômes sont appréhendés comme la manifestation d’un Ego zélé, il est pertinent d’entamer un dialogue bienveillant avec cette partie en soi troublée. Il faut patiemment écouter ses peurs et ses doutes pour avoir accès à l’histoire traumatique sous-jacente. Fort de cette compréhension, il est alors plus aisé d’user d’une voix empathique, contenante et de bons conseils pour l’élève égotique et phobique.

Cet article est principalement destiné à mettre en relief la manière dont les pensées et les voix internes paralysantes, qu’elles soient névrotiques ou psychotiques, sont l’expression d’un Mental suractivé.  Leur tonalité agressive ou anxiogène traduit une lutte excessive contre le danger. Dans ce monde tridimensionnel, la peur existe car l’homme a oublié sa dimension supérieure. Lorsque la voix de l’Ego se manifeste bruyamment dans la vie du sujet, la connexion au Soi authentique est fortement défaillante. 

Le thérapeute doit alors réveiller la « conscience » du souffrant afin qu’il « joue » cet instructeur éclairé auprès d’une partie de lui-même complètement ignorante de son essence unitaire. L’objectif est de remémorer les lois universelles de la non-dualité afin que l’Ego ne puisse plus s’exprimer de façon étouffante et déstructurante. Si sa présence est si imposante, c’est qu’il est fortement sollicité dans ses fonctions premières de survie. Le rappel de l’illusion de la peur et de l’unique vérité de l’amour est alors essentiel pour mettre en relief la fougue insensée de l’Ego ! 

En thérapie systémique, cette heureuse réalité peut être facilement soulignée par le décodage de l’utilité structurante des symptômes et par la mise en évidence de la belle nature de chaque consultant. Lorsque le sujet se reconnait comme appartenant au grand Tout, il prend conscience que son fonctionnement tellurien désadapté n’est que l’expression de l’oubli de cette unité. Sans cette amnésie, il n’y aurait ni peur, ni expression d’un Ego destructeur.

Le dialogue interne, encouragé entre le Soi et l’Ego, permet au consultant de se reconnecter à lui-même. La Conscience pédagogue rappelle au Moi phobique qu’il prend le mauvais chemin. Avec beaucoup de chaleur et de respect, il l’aide à sortir de son aveuglement et de sa panique en le faisant accéder au savoir Unitaire. Etre conscient, c’est être dans la vérité, c’est être interconnecté à chaque élément de l’univers, c’est être dans une analyse systémique exhaustive. Le consultant, sous le regard bienveillant du thérapeute, décortique les multi-influences qui le déterminent. 

Son être « éveillé » peut alors indiquer à l’Ego les peurs excessives qu’il doit travailler. La Conscience connait les règles non dualistes à respecter afin de s’ouvrir au bien-être. Toutefois, pour pouvoir appliquer ces lois bienheureuses, le sujet doit être en capacité d’élaborer, a minima, ses phobies. En effet, comment incarner la vérité de l’amour et du partage si des peurs excessives maintiennent le consultant à distance de toute relation ?

Le Soi authentique est donc chargé de guider, avec beaucoup de délicatesse, le Moi phobique afin que celui-ci ait la confiance suffisante pour expérimenter ses sages prescriptions.


Conclusion :


L’Ego est donc cette partie de nous-même qui nous fait involontairement souffrir par sa méconnaissance de son identité parfaite et multidimensionnelle. La réconciliation, dans un dialogue imaginaire, entre ces deux instances personnifiées constitue une jolie réussite, celle du consultant se reconnectant à son être profond et aimant. 

Il est surprenant de constater la manière dont cette pratique communicationnelle est opérante dans les états dissociés ou psychotiques. A l’heure actuelle, le monde soignant ne parle pas assez le langage délirant (et pourtant si pertinent) du patient ! Rentrer en contact avec les voix, les pensées ou les clivages de l’Ego est essentiel afin de toucher émotionnellement le sujet. Comment aider, accompagner si nous nous refusons à entendre les peurs signifiantes codées dans ce discours égotique ? L’amour est la seule vérité. Il est celui qui va porter attention et intérêt pour ce qui semble être insensé. Il est celui qui va découvrir la clé du bien-être dans le symptôme. Il est celui qui rétablit le souffrant dans sa belle nature.

En conclusion, l’amour du Soi opère lorsqu’il s’adresse directement aux peurs de l’Ego. Il accompagne celui-ci, avec étroitesse, sur les chemins de la désaliénation. « Le dialogue interne à deux voix » est structurant en raison de cette mise en lien. Il facilite l’échange entre l’amour et la peur, entre le savoir et l’ignorance. Durant cette interconnexion, l’amour et le savoir  brillent de tous leurs feux. Ils dissipent progressivement les ombres  de la peur et de l’ignorance. Le mal n’a plus alors de place dans cet univers réunifié !