mercredi 14 septembre 2016

Des voix intérieures et duelles (Partie 5)

Le Soi libre remémore à l’Ego oppressé le Savoir désaliénant de la non-dualité


Dans cet extrait d’entretien, il est mis en relief la manière dont les phénomènes hallucinatoires, dissociatifs, dépressifs et angoissants dénoncent la présence d’un Ego apeuré s’emballant dans ses fonctions de survie.

Lorsque ces symptômes sont appréhendés comme la manifestation d’un Ego zélé, il est pertinent d’entamer un dialogue bienveillant avec cette partie en soi troublée. Il faut patiemment écouter ses peurs et ses doutes pour avoir accès à l’histoire traumatique sous-jacente. Fort de cette compréhension, il est alors plus aisé d’user d’une voix empathique, contenante et de bons conseils pour l’élève égotique et phobique.

Cet article est principalement destiné à mettre en relief la manière dont les pensées et les voix internes paralysantes, qu’elles soient névrotiques ou psychotiques, sont l’expression d’un Mental suractivé.  Leur tonalité agressive ou anxiogène traduit une lutte excessive contre le danger. Dans ce monde tridimensionnel, la peur existe car l’homme a oublié sa dimension supérieure. Lorsque la voix de l’Ego se manifeste bruyamment dans la vie du sujet, la connexion au Soi authentique est fortement défaillante. 

Le thérapeute doit alors réveiller la « conscience » du souffrant afin qu’il « joue » cet instructeur éclairé auprès d’une partie de lui-même complètement ignorante de son essence unitaire. L’objectif est de remémorer les lois universelles de la non-dualité afin que l’Ego ne puisse plus s’exprimer de façon étouffante et déstructurante. Si sa présence est si imposante, c’est qu’il est fortement sollicité dans ses fonctions premières de survie. Le rappel de l’illusion de la peur et de l’unique vérité de l’amour est alors essentiel pour mettre en relief la fougue insensée de l’Ego ! 

En thérapie systémique, cette heureuse réalité peut être facilement soulignée par le décodage de l’utilité structurante des symptômes et par la mise en évidence de la belle nature de chaque consultant. Lorsque le sujet se reconnait comme appartenant au grand Tout, il prend conscience que son fonctionnement tellurien désadapté n’est que l’expression de l’oubli de cette unité. Sans cette amnésie, il n’y aurait ni peur, ni expression d’un Ego destructeur.

Le dialogue interne, encouragé entre le Soi et l’Ego, permet au consultant de se reconnecter à lui-même. La Conscience pédagogue rappelle au Moi phobique qu’il prend le mauvais chemin. Avec beaucoup de chaleur et de respect, il l’aide à sortir de son aveuglement et de sa panique en le faisant accéder au savoir Unitaire. Etre conscient, c’est être dans la vérité, c’est être interconnecté à chaque élément de l’univers, c’est être dans une analyse systémique exhaustive. Le consultant, sous le regard bienveillant du thérapeute, décortique les multi-influences qui le déterminent. 

Son être « éveillé » peut alors indiquer à l’Ego les peurs excessives qu’il doit travailler. La Conscience connait les règles non dualistes à respecter afin de s’ouvrir au bien-être. Toutefois, pour pouvoir appliquer ces lois bienheureuses, le sujet doit être en capacité d’élaborer, a minima, ses phobies. En effet, comment incarner la vérité de l’amour et du partage si des peurs excessives maintiennent le consultant à distance de toute relation ?

Le Soi authentique est donc chargé de guider, avec beaucoup de délicatesse, le Moi phobique afin que celui-ci ait la confiance suffisante pour expérimenter ses sages prescriptions.


Conclusion :


L’Ego est donc cette partie de nous-même qui nous fait involontairement souffrir par sa méconnaissance de son identité parfaite et multidimensionnelle. La réconciliation, dans un dialogue imaginaire, entre ces deux instances personnifiées constitue une jolie réussite, celle du consultant se reconnectant à son être profond et aimant. 

Il est surprenant de constater la manière dont cette pratique communicationnelle est opérante dans les états dissociés ou psychotiques. A l’heure actuelle, le monde soignant ne parle pas assez le langage délirant (et pourtant si pertinent) du patient ! Rentrer en contact avec les voix, les pensées ou les clivages de l’Ego est essentiel afin de toucher émotionnellement le sujet. Comment aider, accompagner si nous nous refusons à entendre les peurs signifiantes codées dans ce discours égotique ? L’amour est la seule vérité. Il est celui qui va porter attention et intérêt pour ce qui semble être insensé. Il est celui qui va découvrir la clé du bien-être dans le symptôme. Il est celui qui rétablit le souffrant dans sa belle nature.

En conclusion, l’amour du Soi opère lorsqu’il s’adresse directement aux peurs de l’Ego. Il accompagne celui-ci, avec étroitesse, sur les chemins de la désaliénation. « Le dialogue interne à deux voix » est structurant en raison de cette mise en lien. Il facilite l’échange entre l’amour et la peur, entre le savoir et l’ignorance. Durant cette interconnexion, l’amour et le savoir  brillent de tous leurs feux. Ils dissipent progressivement les ombres  de la peur et de l’ignorance. Le mal n’a plus alors de place dans cet univers réunifié ! 

mercredi 24 août 2016

Des voix intérieures et duelles ( Partie 3)

Madame N aux prises d’un Ego la protégeant excessivement des relations aux hommes


Afin d’illustrer explicitement la manière dont ce regard éclairé peut prendre forme dans une conscience limitée par notre tridimensionnalité, je vous invite à prendre connaissance d’un échange thérapeutique où ce dialogue interne s’est exprimé.

Je rencontre Madame N. pour la cinquième fois lorsque nous nous livrons à ce jeu allégorique. La consultante est « diagnostiquée » depuis vingt ans de psychotique. Bien sûr, cette classification n’a aucun sens et elle est paralysante. Elle fait partie de cette fausse dualité dans laquelle le monde soignant s’est laissé enfermer depuis très longtemps ! Elle met, tout simplement, en relief nos difficultés à traduire le monde de l’invisible et ses forces énergétiques ! En fait, par le biais de codes classificateurs, nous ne faisons que structurer grossièrement la réalité afin d’amorcer une initiation à « un savoir du vivant » encore très rudimentaire !

Dans ce contexte, vous ne serez pas étonnés d’apprendre que madame N. avait un profond sentiment de solitude, d’incompréhension et de colère depuis de nombreuses années. Elle taisait, depuis bien longtemps, son monde intérieur foisonnant d’histoires passionnantes, de richesses et de créativité. La lecture médicale actuelle ne permettait pas de décoder la pleine pertinence et la pleine valeur structurante de ses maux.

Pourtant, la résolution de sa problématique pouvait se déduire en étant très attentif à l’expression de ses symptômes. Ceux-ci témoignaient d’une histoire relationnelle exhaustive, de défenses singulières, de pseudo-aléas, de synchronicités bienvenues ou faussement malvenues.

Bien souvent, les hallucinations ou les états dissociés ne sont pas assez analysés dans leur contenu et leur réalité pertinente déguisée. Ils révèlent pourtant la présence d’un Ego surprotecteur dénonçant les douleurs d’un passé illusoire et dualiste. Lorsque le rébus et cette « loi universelle » sont décodés, un accompagnement thérapeutique pertinent peut être proposé.

Le sujet doit prendre conscience de la cohérence de ce qu’il vit. Derrière une forme perturbante d’expression, l’inconscient expose au problème et donne indirectement la solution. La voix ou la manifestation déstabilisante de l’Ego apeuré est cet « enfant phobique » à soigner. Il crie ses peurs et son besoin de contrôle excessif de la situation. L’Ego parle ainsi de ces événements passés chaotiques dont il veut tant protéger le sujet afin qu’ils ne se répètent pas. Cette intention bienveillante du symptôme est importante à souligner afin que le souffrant apprenne à considérer cette partie dérangeante de lui comme « un allié sensé ».

L’étrangeté inquiétante doit être remplacée par une familiarité aimante. Cette image de l’Ego aidera à ne plus fuir son sens et à y accorder une attention empathique. Il est clair que certaines dissociations et certaines hallucinations  sont tellement angoissantes qu’elles favorisent le rejet, la culpabilité, la frayeur. Par conséquent, elles ne sont pas abordées dans leur dimension protectrice et évolutive.
La pratique du dialogue interne permet au consultant de se concentrer sur l’aspect sensible, fragile et apeuré de cette partie de lui perçue comme effrayante. Sa partie pure et responsable doit alors apprendre à rassurer ce côté sombre de lui-même afin de le désaliéner de la souffrance.

Le Soi pédagogue est cette figure intuitive et bien aimante, offrant à l’Ego le chemin libérateur de l’expérimentation. Il donne les repères du lâcher-prise et de l’écoute des choix authentiques dans « l’ici et maintenant ». Il respecte les peurs de l’Ego en étant dans la compréhension de ses résistances et de son rythme modéré d’avancement. Il est donc indulgent et il ne perd pas patience face aux réactions rebelles, intenses et régressives que l’Ego apeuré peut avoir.

Moins l’enseignant est bousculant, plus l’élève phobique peut évoluer à sa cadence et donc au bon tempo. Le Soi doit donc circonscrire avec l’Ego traumatisé la zone narcissique fragile afin de la travailler dans des expositions progressives. Il doit lui pointer la logique d’avancement par pallier avec des mouvements régressifs de résistances au changement.

Cet éclairage permet de comprendre la recrudescence des symptômes lors du travail de contenance de l’Ego traumatisé. Le changement de repères idéïques engendre des difficultés d’adaptation avec des forces d’opposition non contrôlables. Lorsque l’Ego essaie de lâcher-prise, sa peur de l’inconnu peut avoir des résonances signifiantes dans un premier temps. Toutefois, averti de cette dynamique logique du processus phobique, l’Ego peut continuer à faire confiance au  Soi pédagogue pour poursuivre le chemin d’expérimentation.

Il pourra alors se rassurer, au fil du temps par ces nouveaux repères devenus familiers supervisés par son être profond "le Soi". Il constatera, en effet, que la loi universelle de l’Amour et de la non-dualité est la clé afin d’accéder à son plein potentiel et au champ de tous les possibles. Il se reconnectera alors à son omniscience, à son omnipotence d’amour et de paix et à son omniprésence céleste.

La suite : exemple clinique d'un dialogue entre le Soi pédagogue et l'Ego phobique (quatrième partie) la semaine prochaine

dimanche 14 août 2016

Des voix intérieures et duelles ( Partie 2)

Un dialogue chaleureux entre le Soi et l’Ego pour retrouver l’Unité harmonieuse


Dans cet article, je souhaiterais m’attarder sur un matériel particulier. Il s’agit de ces petites « voix égotiques » troublant les perceptions du sujet névrotique ou schizophrénique. Elles envahissent les pensées du souffrant sous forme de ruminations ou d’hallucinations. Leur manifestation symptomatique permet de mettre en relief les raisonnements limitants et faussés du sujet.

L’inconscient dénonce, dans un contenu idéïque obsédant, la source du problème. La pensée envahissante livre les directives d’une psyché excessive essayant de se libérer d’un Ego opprimant. Elle offre sur un plateau la matrice de conditionnements illusoires dans laquelle s’est laissé enfermer le consultant.

Afin d’aider le sujet à repérer et à maîtriser cet Ego apeuré, j’ai développé au fil de ma pratique un exercice allégorique simple. Le sujet doit entamer un dialogue interne entre cette partie égotique paralysante et une partie plus « inspirée » de son être.

Il est question de personnaliser ce Mental aliénant sous la forme d’un « petit enfant apeuré ». Même si je le nomme « le petit diablotin », l’objectif est de le présenter, avec beaucoup de bienveillance, comme celui qui est « mauvais conseiller » en raison  de traumas non digérés.

Le souffrant doit donc répondre consciemment à ce « personnage perturbateur » de manière modérée et tolérante. Il est invité à s’identifier à un pédagogue respectueux des phobies de son élève. Bien sûr, quelques fois les ruminations névrotiques ou les voix psychotiques peuvent être très virulentes ou effrayantes. Toutefois, le contenu agressif est rapidement élaboré dans ce qu’il dénonce de peurs inconscientes.

L’accueil compréhensif de ce discours symptomatique négatif est important. L’instructeur ne doit pas rejeter ou juger « l’initié » fébrile. Il doit au contraire le rassurer et le conduire sur des chemins d’avancement rassurant. De plus, le symptôme est un allié. Il focalise sur le nœud du problème. Il indique l’endroit à travailler. Il doit donc être considéré avec beaucoup de gratitude et de délicatesse.
Rejeter les voix internes négatives ne peut donc que les alimenter. Comprendre leur intention positive sous-jacente et leur besoin de démantèlement progressif est la clé de l’avancement. D'ailleurs, ne dit-on pas qu’il faut se laisser traverser et non pas lutter contre ses peurs ?

Le consultant doit donc apprendre à écouter ses dissociations, ses hallucinations et ses ruminations avec beaucoup de sagesse. Leur contenu est précieux car il révèle l’histoire chaotique d’où le Mental a tiré tant de forces d’expression. L’Ego apeuré raconte ainsi les insécurités auxquelles le sujet a dû faire face autrefois. Il tente de préserver l’individu exagérément en l’obligeant à se conformer à d’anciennes règles désadaptées de ses systèmes. L’Ego apeuré répond à un rôle collectif enfermant loin d’une authenticité d’être. Lorsque les propos délirants ou parasitants submergent les pensées du sujet, ils apparaissent comme une explosion narcissique d’un sujet piégé dans un rôle Moïque.

Il s’agit donc, dans un premier temps, de décoder la valence protectrice des pensées égotiques. Il faut ensuite  ôter à celles-ci leur intensité d’action en relativisant le danger vécu. La peur et le doute, en effet, réveillent des défenses individuelles fragilisantes. L’Ego apeuré s’exprime alors dans toute son ampleur pour isoler un sujet aux prises avec des souvenirs relationnels traumatiques. L’Ego traumatisé aborde alors certaines thématiques sensibles du passé et « crée » une coupure entre l’homme et sa connexion divine. Il le replace dans des situations in sécurisantes afin de lui renvoyer une image de lui-même peu valorisante. Le sujet est alors coupé de ses réelles capacités et de son essence supérieure.
L’Ego apeuré est ce personnage illusoire que le sujet croit être. Il se pense séparé, mortel, faillible et dans l’obligation de se protéger d’un monde pseudo-dualisé. Plus le sujet s’éloigne de la connaissance de sa nature parfaite, plus l’Ego apeuré redouble douloureusement ses consignes erronées ! En effet la souffrance, découlant de l’inauthenticité d’être, entretient la peur, elle-même, génératrice d’un discours egotique déstructurant.

Le Mental dysfonctionnel se perd dans la dualité du bien et du mal et il entretient, de ce fait, le sujet dans des  fausses croyances. Il lui demande de se protéger de douleurs qui n’existent pas. Les voix internes sont le fruit d’un mirage non décodé comme tel. Le sujet n’est pas celui que ses systèmes d’appartenance a formaté dans un rôle, une identité et des conditionnements bien précis. Il s’est confondu avec ces présentations diverses de lui-même construites sur de multiples expériences de vie. L’Ego apeuré renvoie constamment au souffrant une image de lui-même où il serait un être limité et fragilisé par des traumas vécus. Il l’enferme dans un personnage dramatique. L’Ego traumatisé est l’intrus pointant, par sa présence, l’ignorance de l’homme sur sa condition divine.

L’appréhension du symptôme dans sa non-dualité permet un travail de dédramatisation. Elle désengage des peurs et des résonances de traumas en donnant accès à la vérité du Tout, de l’harmonie, de l’immortalité et de l’Amour.

L’Ego apeuré protège excessivement un être qui se croit limité. La découverte de l’essence supérieure de l’homme, au travers de ses troubles, permet à celui-ci de se détacher d’un « avoir » pour « être » tout simplement. Il n’a plus besoin de contrôler un extérieur dont il se sent dépendant et qui lui fait peur. Il découvre que le bonheur et la paix sont internes.

Dans un dialogue chaleureux, le sujet est invité à parler à son Ego. Lorsque celui-ci l’importune, sous la forme d’hallucinations ou de ruminations, le Soi authentique doit accueillir favorablement le message tout en osant questionner sa validité. Il est important d’être en empathie avec les peurs, la colère et toute autre émotion perturbante traversant le discours interne. Cette intrusion de pensées est, dans son intention, bienveillante. Elle souhaite alerter sur des dangers qu’elle pense réelle. Lorsque la voix apparaît moraliste, agressive, hautaine, insensible, elle s’efforce de persuader son interlocuteur d’emprunter des repères qui lui semblent adaptés à la situation. Or, la situation est mal évaluée car elle est abordée sous l’angle de la dualité.

L’Ego traumatisé oblige le sujet à porter attention à de fausses fragilités que la perception dualiste a fait naître. Il induit un mouvement de surprotection réactionnel à un trauma « imaginaire ». En effet, dans un monde non-dualiste, la blessure éprouvante disparaît car le mal n’existe plus. Le sujet comprend que « tout dysfonctionnement » de l’autre et de lui-même proviennent de l’oubli de l’heureuse réalité : la perfection des êtres. Ainsi, lorsque l’individu agresse, c’est qu’il a porté en amont un stress et un mythe groupal lourd. Sa loyauté excessive le conduit à la destruction. Son grand amour le conduit à la haine. La boucle est bouclée pour mettre encore en relief la fausse dualité !

La douleur et les traumatismes sont donc la résultante de l’ignorance de l’homme sur sa belle nature. En séance, il n’est pas besoin de recourir à l’emdr pour aider le consultant à sortir de ses peurs incontrôlées. Lorsque la victime analyse de manière élaborée l’histoire douloureuse et sacrificielle de son agresseur, lorsque le souffrant découvre le don généreux exprimé au travers de ses symptômes, il ne peut plus nier le cœur aimant de toute souffrance. Si chacun avait accès à son essence divine, il n’y aurait plus de peurs et de pulsions destructrices sur cette terre. Comment se maintenir dans le mal-être lorsque l’illusion du mal et du limité s’effacent ? Comment trembler lorsque les clés du bien-être apparaissent désormais dans un univers perçu dans sa multi-dimension et sa complétude ?

L’Ego est ce personnage/corps avec lequel le Soi pédagogue doit échanger afin de mettre en lumière cette heureuse et parfaite réalité.

Ainsi, une jeune femme, identifiée à un rôle antérieur de femme trompée, devra raisonner la petite voix égotique lorsque celle-ci lui commandera  de se méfier fortement de son nouvel ami.
Un homme, resté ancré dans sa place d’enfant violenté, devra redoubler d’efforts pour maîtriser ses voix internes lorsque celles-ci lui diront que sa femme est toxique.

L’Ego apeuré est cette partie de l’être qui se croit faible. Il est fortement affecté par les rôles dans lesquels il s’est laissé enfermer durant son existence. La famille, la société, l’individu lui-même ont établi certains codes identitaires sur lesquels l’Ego s’étaye. Cependant, ces témoins existentiels ont oublié qu’ils ne s’agissaient que de fonctions interchangeables. L’homme est interconnecté à l’ensemble des éléments du cosmos. En cela, il est Tout et non pas une partie séparée. Il est omnipotent. Cette vérité doit être démontrée à « l’enfant intérieur affolé » s’exprimant chez chaque consultant. Cet Ego alors sera capable de s’apaiser au fil de cet enseignement non-dualiste. Il pourra alors laisser le Soi authentique du sujet exprimer toute sa liberté, sa sérénité et son amour. Il se retirera, bienheureux de céder sa place, à un univers baignant dans l’unité, l'éternel et la joie du Tout !

La suite (troisième partie) la semaine prochaine...

dimanche 7 août 2016

Des voix intérieures et duelles

Introduction

la souffrance, une illusion du Mental


Les maux de l’homme sont le fruit d’une duperie de son Mental ! Qu’il s’agisse de ruminations égotiques ou de voix psychotiques, tous ces parasitages internes proviennent d’un regard illusoire et dualiste sur l’existence !

L’homme, dès sa naissance, apprend à se reconnaitre comme une entité individuelle et séparée de ce qui l’entoure. Pourtant, il est totalement interconnecté à l’ensemble des atomes de l’univers. La systémique met particulièrement en relief cette loi universelle. Dans son observation exhaustive, cette approche dévoile la manière dont chaque symptôme, chaque accident, chaque rencontre, chaque pseudo-aléa, chaque réaction est la résultante d’une dynamique précise d’inter-influences agissant sur l’individu. 

Ces différentes forces, sous des apparences antagonistes, participent à l’équilibre et à l’évolution du sujet. Des expériences douloureuses sont aussi structurantes que des expériences heureuses. Des émotions et des maux contraignants sont des alliés aussi utiles que des ressentis plus agréables. Des relations disharmonieuses apportent des guidances toutes aussi pertinentes que celles engendrées par des liens plus fluides.

L’étude des systèmes conduit au constat fabuleux d’une cohérence cosmique œuvrant à l’extension de conscience de l’homme. La dualité et le hasard deviennent des phénomènes étrangers à ce monde lorsque la systémique révèle le cœur structurant de tout symptôme, de tout événement relationnel et de tout processus énergétique en général !

Tout est parfait dans ce monde ! Chaque histoire de vie met en relief la manière dont l’homme est complet. Il l’a tout simplement oublié. Sa souffrance provient de son ignorance. Le travail thérapeutique consiste à accompagner le consultant dans un changement de perception transcendant. Passer d’un regard dualiste à un regard non-dualiste, c’est se reconnecter à son essence supérieure. Le chemin est aussi simple que cela. Lorsque le souffrant cesse de rejeter ses symptômes pour les accueillir dans leur sens structurant, il intègre son identité profonde et non-dualiste. 

Le limité ne s’oppose pas à l’illimité. Il est simplement inclus dans l’infini. Le champ des possibles s’ouvre, en effet, lorsque le souffrant accède à sa dimension absolue. Lorsqu’il découvre que ses maux détiennent le secret de sa guérison, il mesure sa réelle puissance. Aucun soignant n’a le remède. Le patient est seul à détenir cette vérité. Celle-ci est autant inscrite à l’intérieur de lui-même qu’à l’extérieur. L’information universelle est engrammée dans chacune de ses cellules. 

Le thérapeute est un guide se proposant de décrypter avec le consultant le sens structurant de ses maux. Il n’est pas un guérisseur mais un traducteur. Le réel pouvoir appartient à celui qui détient le symptôme. Le souffrant a accès dans les contraintes vécues à toutes les données résolutives du problème. 

Ainsi, une douleur physique peut limiter une partie du corps trop sollicitée. Des troubles de l’humeur peuvent engager sur un travail d’affirmation. La perte d’objets signifiants peut être l’occasion d’un lâcher prise devenu nécessaire. La paranoïa peut être une expression indirecte d’abus inhumains devenus difficile à taire... 
Ce sont quelques exemples illustratifs mais cette loi structurante de la souffrance s’est systématiquement retrouvée dans tous les suivis.

mercredi 8 juin 2016

Des enfants symptomatiques éveillant leurs parents (Partie 6/8)


Le symptôme de Marion au service de la problématique d’affirmation des parents 


Beaucoup d’entre eux, toutefois, réussissent dans leurs missions bienfaitrices ! Durant les thérapies groupales, il est fascinant de constater la manière dont les troubles de ces enfants se révèlent le remède singulier afin que tout un système sorte de dysfonctionnements lourds. Ils savent déployer une créativité impressionnante lorsqu’il s’agit de faire évoluer pertinemment leurs symptômes en fonction des résistances au changement de leur groupe. 

Ainsi, Marion usait de la provocation pour aider des parents trop généreux à s’affirmer. Elle ne disait pas bonjour à son père le matin. Elle lui parlait de façon impertinente. Elle se levait tardivement et elle recherchait constamment le lien fusionnel avec sa mère. Cette dynamique entraînait une tension certaine dans le couple et le foyer en général. Un jour, son père satura et réagit dans une colère et un comportement impulsif vis-à-vis de son enfant. Marion avait réussi à lui faire travailler sa problématique. 

L’homme commençait ainsi à s’opposer mais il le faisait maladroitement. Pour aider son parent à poursuivre son avancement, Marion ajusta son symptôme afin de l’aider à travailler son assertion de façon plus nuancée. Elle devint de plus en plus exigeante dans sa relation à sa mère. Elle cessa, de cette façon, d’être dans une manipulation affective où elle créait une alliance inconsciente fille/mère contre le père. De ce fait, la mère eut plus d’énergie pour sortir de ce lien étroit à son enfant et pour rechercher un travail extérieur. Cette dynamique nouvelle permit au duo père/fille de se retrouver fréquemment à la maison en l’absence de la mère. Le père joua plus facilement son rôle autoritaire. Il n’était plus parasité par le regard désapprobateur de sa femme non suffisamment encore différenciée de son enfant. La fille acceptait plus aisément également les consignes car cet espace privilégié avec son père lui permettait de sortir d’une relation exclusive avec sa mère.

La situation s’améliorait mais le couple avait encore trop tendance à s’oublier en se centrant sur le travail et les tâches parentales. Marion adapta, à nouveau, ses troubles afin de continuer à faire évoluer les parents. Alors qu’elle avait d’excellents résultats jusqu’alors, ceux-ci se mirent à chuter. Elle se couchait de plus en plus tard en raison d’une mauvaise gestion de ses devoirs. Elle souffrait également d’être séparée de ses camarades qui restaient à l’internat le soir. Cette problématique de Marion permit sa résolution dans une émancipation. Elle fut inscrite au pensionnat. Les parents purent alors davantage investir leur intimité de couple. Ils  multiplièrent les sorties distrayantes et les échanges profonds entre eux. La revalorisation de cet espace amoureux engendra un besoin de reconnaissance professionnel chez monsieur. Il signifia à ses employeurs son mécontentement d’avoir été trop longtemps exploité. Il fit comprendre qu’il ferait désormais son travail sans  s’alourdir de celui des autres. Cette rébellion permit alors l’aménagement d’espaces personnels plus confortables. En effet, il avait plaisir maintenant à bricoler quand il revenait chez lui. Auparavant, sa frustration professionnelle le clouait devant sa télévision. Il s’isolait fuyant toute relation perçue généralement comme abusive. 

Marion avait réussi, dans des stratégies fines, à bousculer ses parents dans leurs problématiques d’affirmation. Sur le chemin d’avancement, la jeune fille avait manifesté encore quelques brillants symptômes pour que les adultes ne relâchent pas leur rythme évolutif. Ainsi, elle avait eu des difficultés relationnelles avec une correspondante allemande. Elle était sortie avec un garçon intriguant. Elle avait voulu passer ses grandes vacances loin de ses parents. Elle avait mobilisé la solidité de sa mère en vivant une puberté déstabilisante. Bref, elle avait su cheminer, pas à pas, auprès de ses parents afin de manifester les symptômes adéquats selon la trame évolutive du scénario affirmatif co-construit ensemble !

La suite (septième partie) la semaine prochaine...

mercredi 1 juin 2016

Des enfants symptomatiques éveillant leurs parents (Partie 5/8)


L’amour inconditionnel s’exprimant au cœur du symptôme de l’enfant éveillé


Les symptômes de ces êtres éveillés se distinguent, en cela, des symptômes plus ordinairement retrouvés chez les enfants.  Ces petits « instructeurs magiciens » sont plus soucieux des autres que d’eux. Alors que leurs maux symbolisent un amour et une aide inconditionnels pour leur système dysfonctionnel, les maux de l’enfant "ordinaire" traduisent une douleur narcissique et un repli autistique protecteur face à ce même système dysfonctionnel.  

Là où l’enfant "ordinaire" exprime dans ses troubles une désillusion et un retrait relationnel, l’enfant "éveillé" manifeste, dans ce même processus symptomatique, une pleine implication affective et de soutien auprès des siens. 

L’enfant "ordinaire" copie dans ses maux les désadaptations d’un adulte référent qui le fait souffrir. Il devient froid, absent ou insensible comme l’un. Il devient colérique, pervers ou antisocial  comme l’autre. Il reprend alors le modèle déstructurant d’un de ses principaux objets d’attachement. Ainsi,  il développe les mêmes blessures narcissiques et le même handicap relationnel et émotionnel que celui qui a nui à son épanouissement.

L’enfant « ordinaire » parle alors dans ses symptômes de son identification à l’agresseur. Il pointe cet insuffisant amour donné à soi et à l’autre pour réagir et progresser. Il signe l’abandon  de tout espoir d’un bonheur basé sur les vraies valeurs de partage, de confiance et d’amour. L’enfant s’illusionne à penser une existence sensée seulement s’il suit le modèle erroné de celui qui est la cause de ses symptômes ! La force intérieure de l’amour n’est pas suffisamment signifiante pour lutter contre des schémas déstructurants imposés par un système proche.

Chez les petits êtres symptomatiques "éveillés", l’onde d’amour qui les traverse est telle qu’ils sont incapables de se protéger de la souffrance des leurs. Ils développent alors de lourds troubles car ils ne peuvent s’éloigner de la négativité et des dysfonctionnements de leur système. Ils sont alors des réceptacles privilégiés de ce stress groupal. Ils absorbent « l’énergie basse » et sont aussi phagocytés dans leur « énergie positive » par ces systèmes-émetteurs désadaptés. La force de leur amour est telle qu’ils investissent tout leur savoir et leur créativité afin de faire de leurs symptômes une formidable aide pour ceux qui en sont pourtant la cause ! 

Nous sommes donc loin de l’expression du mal-être de nos enfants "ordinaires" dans des défenses rejetantes et excessivement individualisantes.  Ces enfants "éveillés" répondent en effet aux nuisances de leur système par une volonté d’aide signifiante et parfois sacrificielle. Ils n’hésitent pas à saboter leur bonheur pour soutenir leurs proches. Alors que l’enfant "ordinaire" pourra se réfugier dans un comportement indifférent, distant, autistique ou anti-social pour se protéger des blessures narcissiques induites par son système, l'enfant éveillé exprimera, lui, dans ses troubles toute sa proximité et son aide aimante.

Ainsi, il n’est pas rare de croiser dans nos cabinets ces « belles âmes » ayant évolué chaotiquement vers l’âge adulte. Elles peuvent souffrir de graves pathologies telles que des psychoses, des troubles bipolaires, vivre la violence, être sans domicile fixe, être dépendante dangereusement vis-à-vis d’addictions ou de relations. En fait, ces enfants, devenus grands, ont persisté dans leur mission de soutien et d’amour inconditionnels. Malgré les faibles résultats qu’ils ont obtenus parfois dans le déploiement de leurs « symptômes thérapeutiques », ils ont persisté à les maintenir longuement jusqu’à en oublier leur belle essence. De plus en plus affectés narcissiquement par leurs troubles, ils ont développé alors un délire d’auto-dépréciation et de culpabilisation. Ils ont été incapables de quitter la relation pour se protéger tant ils se définissent par leur grande compassion et leur grande fidélité aimante. La seule solution alors, pour supporter une relation insensée dont ils ne peuvent se désengager, est de construire la fausse croyance qu’ils sont responsables de cet échec relationnel !

Ils restent ainsi présents auprès de ceux qu'ils aiment, ne désespérant pas de voir un jour leurs troubles opérer de manière structurante dans leur système dysfonctionnel !

La suite (sixième partie) la semaine prochaine...

mercredi 25 mai 2016

Des enfants symptomatiques éveillant leurs parents (Partie 4/8)


Le symptôme de l’enfant ordinaire et de l’enfant éveillé : quelles différences ?


Dans une famille, il n’est pas systématique de rencontrer « ces pédagogues » en herbe. En effet, ceux-ci représentent une partie mais pas l’ensemble de la jeunesse actuelle ! Ces dernières dizaines d’années, leur nombre aurait augmenté. Il est vrai que les demandes de prise en charge dans les Centres Médico-Psychologiques pour enfants ne cessent de croître !

La majorité des enfants ne développent pas de dysfonctionnements « structurants » lorsque leurs ascendants s’orientent sur le mauvais chemin. Ils restent généralement soit distants et peu impliqués, soit impulsifs et désorganisés alimentant alors la problématique des grands !

Ainsi, tel enfant restera en retrait par rapport aux différends des parents, tel autre pourra en être affecté mais sa souffrance ne fera qu’accentuer le problème. Dans ce cas de figure, les troubles du bambin ne seront pas mis au service du dénouement des fragilités de l’ascendant. Ils seront plutôt le fruit d’un égocentrisme développé suite à des traumas ayant affaibli le narcissisme.

Dans le cas des « enfants symptomatiques éveillés », on observe un phénomène très différent. Il est fascinant de constater la manière dont leurs maux sont, au contraire, de profonds actes altruistes ! Leur forme, leur contenu, leur dynamique et leur rythme d’expression s’intriquent étroitement à la possibilité d’élaboration de la problématique systémique sous-jacente.

Prenons un exemple concret, visualisons la situation d’une mère qui est dans un contrôle excessif de son fonctionnement. Elle ne s’accorde pas de manque, de pause, de faiblesses, d’imperfection, de défaillances bienheureuses et plaisantes ! Bref, elle se crée une vie angoissante perdue dans des schémas cognitifs erronés sur « ce que doit être » le sens de sa vie ! 

La plupart des enfants vont réagir à ce système étouffant en prenant du recul, c’est-à-dire, en s’adaptant au mieux aux demandes parentales sans sacrifier leur espace d’autonomie. Pour cela, ils duperont quelquefois finement le parent pour ne pas répondre aux consignes enfermantes. Toutefois, ils le feront  discrètement afin que le parent ne se rende pas compte de la supercherie. Ainsi, l'adulte ne sera pas amené à être contrarié dans ses règles rigides d’existence. Dans cette situation, notamment, l’enfant pourra faire mine de valider tous les comportements d’hyper maîtrise désadaptés du parent. Pourtant, dans sa dynamique propre, il ne suivra pas son exemple. Il adoptera un plus grand lâcher-prise tout en étant vigilant à ce que cette dynamique ne soit pas trop manifeste aux yeux de la mère.

Dans la majorité des cas encore, pour les enfants moins astucieux, ils souffriront davantage de la problématique du parent car ils ne sauront pas « comment ne pas rentrer en résonance » avec elle. Ils l’alimenteront involontairement. Ils n’adopteront pas de stratégies de « faire-semblant » comme les enfants cités précédemment. Ils accepteront de répondre aux repères disharmonieux de la mère et en complet décalage avec la nature souple et belle de l’humain. Ils seront alors soumis, dans ce cas, à une rigidité parentale lourde à porter conduisant à des actes explosifs. La souffrance juvénile sera la résultante d’une dynamique dysfonctionnelle transmise à la nouvelle génération. Elle dénoncera une problématique narcissique signifiante née des fragilités propres du parent. Le déséquilibre interne sera alors à l’origine de symptômes lourds où l’enfant traduira toute la dynamique égocentrique et insensible que la faille de la mère aura fait naître en lui.

Donc, dans ces deux types de réactions, qu’il s’agisse de fausse acceptation ou de désadaptation acceptée, elles sont les comportements souvent adoptés par les enfants de ce monde. Les « enfants symptomatiques éveillés » présentent des fonctionnements différents. Ils semblent de plus en plus nombreux au vu des observations faites dans nos cabinets thérapeutiques. Ils présentent une générosité, un altruisme, un amour et une créativité telle qu’ils vont s’impliquer étroitement dans la problématique de la mère hyper-contrôlée et hyper-contrôlante. Ils ne vont pas alors jouer « l’indifférence intelligente » (situation 1) ou « la douleur indifférenciée » (situation 2). Ils vont exprimer des maux remplis de sens, d’intérêts, d’engagements et de volonté d’aider.

Par exemple, dans cette situation particulière, ces enfants éveillés vont trouver des stratégies très pertinentes pour confronter la mère à sa problématique erronée de maîtrise et de perfection. Ils vont exposer, graduellement, celle-ci à des obligations de lâcher-prise par des provocations et des débordements dépassant les possibilités de gestion de la mère.

Comment font- ils alors ? Ils peuvent, par exemple, ne pas faire leurs devoirs, être distraits, rêveurs, étourdis, ils peuvent prendre un ton désinvolte face à certains ordres, somatiser à des moments dérangeants pour le parent, déclencher l’imprévu ou l’insécurité, exposer à une intimité déstabilisante, exprimer du manque dans l’agressivité, dans le mal-être ou dans une attitude injuste. Bref, ils ont une grande créativité afin de transformer les situations de la vie quotidienne en parfait champ d’expérimentation et de résolution du « contrôle excessif » de cette mère paralysée !

Dans leur exercice d’exposition, ils sont sensibles à respecter les avancées du parent. En effet, ils reconnaissent et valorisent les progrès. Ainsi, dans cet exemple, l’enfant peut éprouver sa mère en la faisant travailler son déni du manque par le biais de mauvais résultats scolaires. Toutefois, il saura l’encourager dans son évolution dès que cela sera possible. Cet enfant éveillé est très aimant et peu rancunier. Lorsque sa mère répondra à ses « dysfonctionnements structurants » sans maîtrise abusive, celui-ci sera capable de rapidement abandonner ses symptômes. Par ses faibles notes, l’enfant transmet un message essentiel à son parent. Celui-ci ne peut pas tout contrôler. S’il est capable d’intégrer cette réalité sans sombrer dans un comportement excessif d’impuissance ou d’impulsivité alors la situation problématique progresse. La mère peut décider d’être plus vigilante, notamment, à superviser le travail de son enfant. Toutefois, sa capacité à accorder l’autonomie suffisante à son rejeton à l’intérieur de cet espace de surveillance sera une réussite.

L’enfant sera alors disposé à sortir aisément de ses symptômes si le parent répond favorablement à l’utilité thérapeutique de son mal ! Ici, il peut facilement accepter de faire ses devoirs dans sa chambre pendant une heure si sa mère, dans la fermeté de son recadrage, lui laisse la responsabilité  de gérer cet espace personnel. Ainsi, les troubles de l’enfant éveillé manifestent un esprit de générosité. Ils sont mis au service de l’avancement de l’adulte.

La suite (cinquième partie) la semaine prochaine...

lundi 16 mai 2016

Des enfants symptomatiques éveillant leurs parents (Partie 3/8)



Le symptôme révélateur de la dimension angélique des enfants éveillés


Cette approche spirituelle, concernant les enfants de cette nouvelle ère, fait résonance avec les observations systémiques posées en thérapie familiale. Bien sûr, il n’est pas question de définir en ces termes la totalité de la jeune génération. Cependant, dans ma pratique, je rencontre fréquemment ces chérubins doués de ces grandes qualités.

Ce constat est logique car leur nature hypersensible, généreuse et aimante les conduit à assumer leur mission inconsciente d’aide au travers du « symptôme ». En effet, le symptôme, comme nous l’avons longuement vu, est la solution pertinente à un problème relationnel non élaboré consciemment !  Ces enfants ne se souviennent plus de leur essence et de leur but originel. Ils ne peuvent donc opérer cet acte de guidance auprès des leurs volontairement. Ils le font donc « intuitivement » sans réaliser vraiment ce qu’ils font. Le symptôme, expression inconsciente, vient alors révéler la nature « guérisseuse » mais aussi « amnésique » de ces enfants appartenant à un autre monde. 

Cette explication « cosmique », donne alors au thérapeute systémicien des réponses. En effet, combien de fois ai-je été fascinée, mais aussi complètement déstabilisée, par le génie de ces petits créatures « apparemment » ingénues, à trouver des solutions « symptomatiques » pour leur groupe. Il est perturbant de constater, à chaque fois, qu’elles ne semblent pas conscientes de la manière dont leurs maux obligent les adultes à se désaliéner de leur souffrance ! Combien de scènes de vie quotidiennes décortiquées en séance où il est manifeste que l’expression désadaptée de ces enfants est la réponse « adéquate » au problème du système ! Il s’agit de formidables scénarios bruyants mais créateurs d’une justesse structurante dans ses détails et son contenu. L’enfant semble étonnamment découvrir, au même moment que son système, l’utilité et la pertinence absolue de son symptôme.

L’approche métaphysique de ces enfants permet alors de soulever un lourd voile pour sortir de la confusion. Ce regard élargi explique la dimension « oubliée » mais toujours « opérante » de la mission de vie de ces bambins exceptionnels ! Dans la densité de cette troisième dimension, ces êtres « angéliques » ont perdu leur mémoire mais pas leur intention « divine » !

Le symptôme est en effet le révélateur d’un stress groupal condensé à l’endroit d’un de ses membres. Celui-ci se caractérise par sa sensibilité, sa générosité et sa créativité symptomatiques désaliénantes. Souvent, le patient « désigné », dans un système, est un enfant. Ce constat prend alors sens sous cet angle multidimensionnel de l’approche relationnelle.

En tant que thérapeute, il est fréquent mais aussi logique de rencontrer ces enfants dans nos cabinets. En effet, ils intégreraient préférentiellement des systèmes dysfonctionnels en vue de les aider. Leur grande sagesse serait bienvenue dans ces familles moins équilibrées. De plus, ils ont oublié d’où ils viennent et quel est le but salvateur de leur existence. Ils ont donc tendance à discréditer leur fonctionnement même si celui-ci est fortement ancré dans leur programme missionnaire. Par conséquent, leur aide ne peut s’exprimer que dans la complexité d’une situation rigide et dans une dynamique inconsciente. 

Le symptôme est alors l’outil adapté pour répondre à ce cas  de figure ! Il a la force de la contrainte que l’enfant n’a pas lorsqu’il est face à la suprématie des adultes. En effet, le trouble peut induire, par ses règles d’expression, les bonnes dynamiques que l’homme se refuse à prendre volontairement. De même, le symptôme est le langage de l’inconscient dans la mesure où ces petits guérisseurs ne peuvent pas s’exprimer consciemment. Ils ont des difficultés, dans cette lourde densité, à se remémorer leur essence divine et le sens thérapeutique de leur comportement désadapté. 

Ces enfants symptomatiques sont donc souvent les instigateurs de démarches psychothérapeutiques à l’intérieur de leur système. Ils initient ce mouvement structurant par leurs maux dérangeants.

La suite (quatrième partie) la semaine prochaine...

lundi 9 mai 2016

Des enfants symptomatiques éveillant leurs parents


Des enfants éveillés venus d’ailleurs


Ainsi, je me souviens du moment où j’ai réalisé pleinement la place thérapeutique que l’enfant pouvait prendre dans ses groupes d’appartenance.

Durant la même journée, deux consultantes m’avaient posé, de manière fascinante et mot pour mot, la même question : « Pensez-vous que les enfants choisissent leurs parents ? ». Cette apostrophe avait été source d’une grande surprise.

Tout d’abord, j’avais été interpellé par le caractère itératif de cette invitation à la réflexion. De plus, c’était la première fois que je me retrouvais sidérée dans ma pensée. Tous les sujets psychologiques, en effet, suscitaient chez moi d’ordinaire de vives associations idéïques.

Il était vrai que ma pratique m’exposait constamment à la dimension « angélique » de l’enfant.  Le regard des consultantes avait ouvert sur un espace spirituel fort passionnant. La difficulté à réfléchir les situations dans leur exhaustivité constitue une fragilité récurrente de l’homme. Nous avons trop tendance à considérer un pan de l’histoire en pensant qu’il reflète la globalité de la réalité ! Je remercie, chaque jour, ces personnes vivant un temps de crise car elles me rappellent combien une analyse systémique pertinente se doit d’appréhender le plus grand nombre de facteurs déterminants l’individu.

Les patientes avaient ainsi élargi mon champ de vision en attirant mon attention sur le véritable « rôle » que l’enfant pouvait revêtir parmi les siens ! Chaque jour, en séance, je constate la manière dont les comportements de ces êtres en devenir peuvent avoir du sens malgré leur apparence incontrôlée. Même si la dynamique de l’enfant répond à un registre inconscient, elle semble souvent orientée vers un but salutaire vis-à-vis des adultes.

Georg Kühlewind (Professeur, Philosophe, écrivain et pédagogue hongrois  1924-2006) a dit « Depuis une vingtaine d’années, de plus en plus d’enfants naissent, qui de par leur être et leur comportement, se démarquent de ceux auxquels les parents et les pédagogues sont habitués. Une nouvelle génération d’âmes arrive sur terre. Des enfants qui montrent une étonnante maturité, qui sont malheureux dans le monde des adultes et qui avec une puissante impulsion spirituelle, veulent transformer ce monde. Cet événement est le plus important en ces temps actuels. ».

Ces enfants sont appelés enfants surdoués, indigos, cristal ou arc en ciel. Ils se distinguent par des aptitudes et une sensibilité manifestes. Ils sont responsables, intuitifs et d’une grande maturité intellectuelle. Leur fonctionnement protecteur vis-à-vis d’autrui est impressionnant. Ils semblent dans leur dynamique vouloir « guider » afin d’induire plus d’émotivité, de simplicité, de solidarité, de sagesse, de spontanéité et de détermination chez l’homme.

Ces enfants ont ainsi une conscience supérieure et ils sont très intègres. Ces qualités sont souvent, pour eux, cause d’un sentiment de solitude et d’incompréhension dans un monde en perte de repères. Ces petits êtres respectent, de manière innée, des valeurs fondamentales que nous avons tendance à perdre au fil du temps. Ils ne comprennent pas l’inconscience, le malheur, le manque d’amour et le non respect de la nature.

Ainsi, dans leur jeune âge, ces « belles âmes » ont souvent l’impression de ne pas appartenir à ce monde. Elles peuvent avoir une enfance difficile car la société leur renvoie fréquemment qu’elles ont un fonctionnement « anormal». Elles doutent d’elles-mêmes et se croient inadaptées. Elles discréditent alors certaines perceptions, intuitions, pensées et réactions internes. Ces êtres merveilleux, selon les guides spirituels, seraient des « êtres lumières » venus pour nous aider à évoluer.

Leur épanouissement serait alors possible lorsqu’ils se remémoreraient leur mission de vie.
Tout prendrait sens pour eux lorsqu’ils intégreraient la vérité de leur sagesse et de leurs croyances profondes. Ils développeraient alors leur expression d’être, conscients désormais que celle-ci n’est pas nuisible mais au service du bien-être d’autrui.

Leur réel éclairage sur leur identité leur permettrait alors d’œuvrer plus adéquatement à leur but en prenant conscience des fragilités de leurs prochains. Ils respecteraient davantage le rythme de ceux-ci. Ces enfants symptomatiques choisiraient volontairement d’aider les « hommes » qui sont contraints par leur aveuglement !

La suite (troisième partie) la semaine prochaine...

Des enfants symptomatiques éveillant leurs parents



L’enfant « thérapeute en herbe » : créateur d’un symptôme fonctionnel


Le symptôme est surprenant dans ses dimensions bienfaitrices. Derrière son bruit trompeur, il revêt une dimension thérapeutique imperceptible dans son appréhension première. 

Le symptôme est encore plus déstabilisant dans sa nature constructrice lorsqu’il s’exprime au travers d’enfants apparemment ingénus ! Le paradoxe se double alors dans ses teintes. En séance, quel constat fascinant de réaliser la manière dont ces « thérapeutes en herbe » usent de leurs maux pour faire évoluer les grands !

Beaucoup d’entretiens systémiques, menés en présence de nos chers bambins, mettent en relief cette réalité ! Nous les voyons s’agiter, retenir notre attention, présenter des comportements énigmatiques lorsque les adultes abordent un sujet signifiant. Ils dessinent, créent des scénarios donnant des pistes de réponses à la problématique. Ils adoptent une posture, une place, un regard, un parler ou des réactions à décoder dans leur sens évolutif. 

Ainsi, on peut citer quelques exemples explicites :

- Romane, une jeune enfant psychotique cesse, en séances, d’avoir toujours son regard tourné vers le haut lorsque ses grands-parents et ses parents abordent le sujet tabou de la mort en bas âge d’un l’oncle. Cet enchainement est saisissant !

- Lucas parle facilement aux étrangers. Lors des sorties, il réclame l’aide ou l’attention de passants dans la rue. Il demande à jouer avec eux. De cette manière, il interpelle sa mère sur son incapacité à créer des liens sociaux. Il l’oblige, chaque jour, à se confronter à sa problématique relationnelle et phobique.

- Une fillette Alice perturbe systématiquement les échanges affectifs du couple parental lorsqu’ils ont tendance à partager plus d’intimité. Le père se centre alors entièrement sur les demandes de l’enfant pour les satisfaire. Son comportement permet de mettre en relief la mauvaise délimitation des frontières intergénérationnelles.

- Julien emprunte un langage trivial pour s’adresser à ses parents lors des échanges thérapeutiques. Il dénonce et provoque sa famille afin que celle-ci sorte d’un faux-semblant de perfection. Il tente ainsi de court-circuiter un fonctionnement dans le faire-paraitre déstructurant pour le groupe.

- Jessica interrompt fréquemment la psychologue pour poser incessamment la même question « est-ce que j’ai l’air méchante ? ». Elle met en relief la lourdeur de son système pris dans des principes religieux rigidifiés et fort culpabilisants.

Ces quelques situations thérapeutiques témoignent de la valence fonctionnelle d’une expression juvénile « pseudo-innocente ».  Le symptôme de l’enfant renvoie, en miroir, une problématique non réglée et à travailler par les adultes. Le petit d’homme est en fait un grand informateur et un grand enseignant. Il possède une créativité insoupçonnée lorsqu’il s’agit d’aider ses ascendants à se défaire de fausses croyances douloureuses. Le symptôme et lui-même s’associent alors dans des mises en scène « magiques » pour provoquer un dénouement bienheureux ! 

L’enfant et le symptôme : un duo bruyant orchestrant un monde meilleur


Le symptôme de l’enfant agit doublement dans ses effets de conviction. Par sa nature contraignante, le symptôme motive davantage une personne à opérer les changements thérapeutiques induits en son cœur. De plus, en ciblant l’enfant, le symptôme engage, avec plus de force, les avancements d’un sujet adulte. Celui-ci est, en effet, animé généralement d’un profond besoin de protection de sa descendance.

Bref, le symptôme et l’enfant s’allient dans des stratégies subtiles afin de faire évoluer les grands ! Très souvent leur ingéniosité mutuelle, dans ce travail complexe, laisse bouche baie. L’horlogerie est magnifiquement réglée : la forme et le contenu du symptôme sont justes. L’expression propice du symptôme est orchestrée par l’enfant pour résonner adéquatement. L’enfant et le symptôme forment un formidable duo pour « matérialiser » le problème et le dissoudre progressivement. Toutefois, par leur fonctionnement dérangeant, ils ne se présentent pas facilement comme des outils d’aide opportuns et pourtant ! 

Les enfants induisent, dans leurs troubles, des situations exposant les parents à l’élaboration de leurs propres problèmes ! Julia avait le don de s’attirer les foudres injustes des camarades et des professeurs. Curieusement, ce vécu obligeait sa mère à dépasser une de ses principales problématiques: l’affirmation. Son amour pour sa fille et la justice était tellement puissant qu’il constituait le moteur à sa capacité de s’opposer. Julia avait, avec beaucoup de finesse et de créativité, constitué le scénario idéal afin d’entraîner sa mère sur des chemins structurants. Elle avait su mobiliser l’énergie passionnée de sa mère en rassemblant ses forces libidinales essentielles : son amour maternel et son amour de l’éthique.

Cette brève anecdote est représentative d’un grand nombre de prises en charge où l’enfant se présente comme le détonateur nécessaire à l’évolution de tout un système enkysté !

La suite (deuxième partie) la semaine prochaine...

samedi 9 janvier 2016

Un avant-goût de mon ouvrage

Pour la nouvelle année 2016, un petit cadeau :

Un feuilletage de mon deuxième livre « Guérir et grandir par le symptôme » paru aux Editions De Boeck Estem, Sciences du Soin.

Agréable lecture à tous !
Adeline Gardinier

http://www.calameo.com/read/00001585686fe8937aa20?authid=IBVjQAXr1kIm