samedi 10 octobre 2015

Video 5 | Retranscription partie 1/3

















1° partie de la retranscription texte de la 5e vidéo d'Adeline Gardinier sur les modalités de traitement thérapeutique et phobique de la souffrance.


Bonjour, nous nous retrouvons aujourd’hui pour aborder une nouvelle dimension paradoxale du symptôme. Dans les précédentes vidéos, nous avions pu souligner, en effet, les différentes facettes surprenantes et antinomiques du symptôme. Le trouble a été ainsi défini comme thérapeutique, croissant dans les débuts d’avancement et inhérent au sujet généreux.

Dans ce chapitre, il est question de présenter le cadre spatio-temporel adéquat dans la guérison. Bizarrement, il revêt les mêmes dynamiques paradoxales que celles notées jusqu’alors. Ainsi, durant les prescriptions thérapeutiques, l’encouragement à s’éloigner pour se confronter, ralentir pour avancer est fréquemment retrouvé.

Je vous propose d’élaborer ces notions ambiguës afin de les clarifier. Sous l’angle systémique, elles perdent leur caractère flou pour révéler tout leur sens.

Le symptôme révélateur d’un manque d’individuation

Le propre d’une analyse systémique est de se vouloir exhaustive. En effet, il est question d’approcher les différents champs d’influence déterminant le fonctionnement d’un sujet. Dans cet optique, le symptôme apparait systématiquement là où le souffrant n’est pas assez dégagé de certaines croyances dysfonctionnelles de ses groupes.

Le symptôme révèle la reprise par le sujet d’un mythe groupal parasitant. Il ne parvient pas à établir des codes adaptés dans certaines situations. Il est trop collé à certains repères rigides pouvant s’exprimer dans certains de ses systèmes. Des traumas passés sont à l’origine de cet enfermement dans des règles groupales obsolètes.

Le sujet tente de se sécuriser, en vain, dans cette maîtrise de données. Il préserve ainsi des codes figés réunissant, dans leur essence, des protections excessives afin que ne se rejoue pas les douleurs collectives d’antan.

Donc, le symptôme parle d’une histoire systémique douloureuse. Il indique l’endroit où le sujet peine à se départir de la souffrance de ses systèmes. Il présente la tension des inadaptations collectives croissantes.

Si le sujet était suffisamment autonome, il refuserait de reprendre certaines valeurs groupales paralysantes. Il ne reprendrait que celles qui lui parlent pour s’identifier à ses systèmes. Le symptôme dénonce donc une phobie d’individuation. Il est porté par celui qui absorbe le stress non élaboré de son groupe.

Symptôme ou phobie d’individuation ?

Nous pouvons parler de véritable « phobie d’individuation » dans la mesure où le souffrant n’hésite pas à sacrifier sa santé pour être inconditionnellement loyal aux siens.

Ainsi, je peux oser dire que j’ai rencontré des personnes préférant se confronter à la folie, au cancer ou à l’acte suicidaire plutôt que d’avoir à remanier leurs relations à leur entourage !

La pathologie est alors signifiante. Elle condense une tension croissante à force d’évitement de la problématique d’affirmation. Le sujet s’entête à poursuivre les mêmes schémas dysfonctionnels malgré les signaux d’alerte. La peur de s’opposer à son système est plus forte que les pulsions d’autoconservation.

Cas clinique

Pour exemple, Annie avait été une "enfant" docile pendant 45 ans. Elle développait, aujourd’hui, des crises d’angoisses chaque fois qu’elle s’initiait à exprimer son avis auprès de sa mère. Cette nouvelle dynamique relationnelle suscitait, en effet, bien des peurs incontrôlables. Pourtant, l’étouffement de son être l’avait obligé à se révolter.

Toutefois, chaque minime refus, chaque mécontentement et liberté prise à l’endroit de sa mère engendraient des somatisations signifiantes. Le symptôme dénonçait la phobie d’individuation sous-jacente. Sa mère l’avait surinvesti en raison d’une histoire à ses propres parents complexes. Elle avait, en effet, dû répondre à des codes familiaux chaotiques durant son enfance. Dans la négligence et l’hyper-responsabilisation de ses jeunes années, l’histoire systémique avait résonnée.

Annie, sa fille, jouait un rôle de substitut affectif prégnant auprès d’elle. Le trouble révélait encore l’enchevêtrement d’Annie à une problématique groupale non résolue.

La souffrante ne parvenait pas à s’autonomiser psychiquement d’une mère carencée. Ce manque d’affirmation était devenu de plus en plus consistant au fil des années. Son démantèlement ne pouvait alors s’opérer que dans un bruit symptomatique signifiant.

La sévérité du trouble indiquait la rigidité des anciens codes de soumission. Elle traduisait ainsi les forces de résistances consistantes s’opposant à ce mouvement de transformation.

A partir du moment où le symptôme apparaît, il peut en être déduit que la charge d’inadaptation est importante. En effet, par définition, un symptôme condense en son cœur une forte tension.  Là où il y a symptôme, il y a donc rigidité manifeste. Dans cette optique, il est pertinent de traiter le problème en prenant en compte sa composante phobique. Plus schématiquement, on pourrait dire que derrière un symptôme se cache systématiquement une phobie psychique.

La deuxième partie la semaine prochaine...

mardi 6 octobre 2015

Vidéo | Traiter la souffrance comme une phobie d'individuation

5e vidéo d'Adeline Gardinier sur le thème des paradoxes spatio-temporaux du cadre thérapeutique.



Adeline Gardinier (psychologue clinicienne et psychothérapeute, spécialiste des thérapies familiales et systémiques) est également auteur du livre "Aider le patient à sortir de la crise, le patient est un soignant qui s'ignore" et d'un second ouvrage "Guérir et grandir par le symptôme - Les faux hasards de la systémiqueédités chez De Boeck.