dimanche 6 septembre 2015

Video 4 | Retranscription partie 1/3

















1° partie de la retranscription texte de la 4e vidéo d'Adeline Gardinier sur le profil psychologique du souffrant.


Bonjour, nous nous retrouvons aujourd’hui pour explorer plus finement les caractéristiques surprenantes du sujet porteur de symptômes.

Nous avons identifié, dans les précédentes vidéos, certains paradoxes particularisant le symptôme lui-même. Il a été, en effet, présenté dans son utilité thérapeutique et dans son expression croissante lors des débuts de l’avancement.

Profil du souffrant

Je vous propose maintenant de concentrer davantage notre attention sur le profil du souffrant. Bien sûr, chaque malade est avant tout un sujet singulier manifestant un fonctionnement, des défenses et des réactions propres. Toutefois, une attitude commune particularise toutes ces personnes : leur grande sensibilité et leur grand cœur !

Posture sacrificielle du souffrant

Pour mieux comprendre ce phénomène, il faut resituer l’individu dans son histoire collective. Le sujet n’existe pas en dehors de ses déterminations systémiques. Son fonctionnement est étroitement lié à la manière dont il se positionne par rapport à son histoire, aux attentes de ses pairs et à ses dispositions personnelles.

Chez la personne souffrante, on retrouve une attitude sacrificielle, une tendance à privilégier le camouflage des manques externes au détriment de son bien être interne !

Les souffrants sont ainsi victimes de leur trop grande générosité vis-à-vis de leur groupe d’appartenance. En effet, ils fonctionnement comme des « éponges à inconscients » dans leur grande ouverture émotionnelle.

Ainsi, ils réceptionnent la tension inhérente aux fragilités non dénouées dans leur environnement. Bien sûr, cette posture est souvent involontaire. Le sujet est élu, de manière implicite, par ses systèmes pour jouer ce rôle de condensateur. Il prend aisément cette place de par ses qualités humaines exceptionnelles.

Ce scénario relationnel, dans les organisations rigides, se met ainsi en place naturellement. Le système fermé est fragile car il ne s’adapte pas aux changements nécessaires. Des traumas, des mythes dysfonctionnels et un passé transgénérationnel singulier expliquent cette difficulté à accepter ses manques et à les travailler. Le groupe recherche alors son équilibre autour d’un membre qui assurera la reprise à son compte du stress dénié.

Cette attribution des rôles, au sein d’un système fragilisé, s’aménage sans élaboration particulière. Personne ne se consulte. L’unité s’organise instinctivement sur des assises permettant ce rééquilibrage sans remise en question de son identité antérieure. Le souffrant assure ainsi dans ses symptômes la neutralisation des contraintes d’inadaptation de son groupe.

Ainsi plus le trouble est lourd, plus il indique une tension collective signifiante portée par un de ses membres.

Trois exemples illustrants :

- Pour exemple, Madame A présentait des défenses paranoïaques dans son son rapport à ses collègues. Cette méfiance était un moyen de taire  l’insécurité et les négligences vécues dans sa famille d’origine lorsqu’elle était jeune. Elle déplaçait sa souffrance car elle protégeait les valeurs dysfonctionnelles des siens.

Dans sa famille, autrefois, il était normal d’humilier, de chosifier ou d’hyper-responsabiliser les enfants. Ses parents l’avaient maltraitée, pris eux-mêmes dans les résonances d’un passé traumatique et indicible. Bref, le symptôme portait la charge contraignante des lourdes fragilités non assumées des aïeux.

- Monsieur R souffrait de lourdes dépressions chroniques. C’était le prix d’une dynamique familiale rigidifiée à respecter. Depuis plusieurs générations, il était transmis les codes du faire-paraitre, des non-dits et du non rapprochement émotionnel. Bien sûr, un événement traumatique avait été à l’origine de cette attitude fermée : la trahison durant la guerre d’un des leurs.

Monsieur R était aujourd’hui la victime de ce passé collectif non réglé. Dans son stress, il reprenait la tension déniée des siens. En effet, l’irritabilité, l’impulsivité et la perversité caractérisaient le comportement de ses ascendants étouffant sous ce masque mensonger ! Le patient était le réceptacle de leurs douleurs, de même qu’il était le loyal émetteur de leurs règles inauthentiques auprès de ses propres systèmes d’appartenance.

La protection de ce fonctionnement mythique était donc couteuse pour l’individu. Elle engendrait de nombreux conflits d’inadaptations dans les relations actuelles qu’entretenait Monsieur R. La dépression chronique l’obligeait ainsi régulièrement à plus de naturel, de vérité et de respect de sa condition d’humain.

- La petite Marion développait des otites et des acouphènes depuis quelques mois. Elle semblait résorber, par ce moyen,  les disputes de ses chers parents. En effet, la tension des conflits verbaux se déplaçait dans les symptômes de l’enfant.

Le couple était alors vigilant à ménager les tympans de leur fille. Il se décentrait également de leur problématique duelle afin de se soucier des soins de leur progéniture.

Plus tard, le trouble ne fut plus suffisant pour rapprocher les parents. Face aux lourds silences et retraits caractérisant leur relation, l’enfant s’engagea dans des comportements hyperactifs mobilisant tout le dynamisme et l’attention des siens.

Le couple dut alors davantage communiquer et agir en partenariat pour canaliser l’énergie de leur progéniture. Le trouble se dissipa alors sous l’effet d’une complicité retrouvée et d’une tension systémique démantelée.

La deuxième partie la semaine prochaine...